Une nouvelle grande manifestation contre le président Alpha Condé a eu lieu.

L’opposition guinéenne crie au « coup d’État constitutionnel », après l’annonce par le président Alpha Condé d’un projet de nouvelle Constitution. Une manœuvre présumée pour briguer un troisième mandat et source potentielle de tensions encore accrues dans le pays.

Le collectif qui orchestre depuis mi-octobre la mobilisation de masse contre un éventuel troisième mandat d’Alpha Condé prépare sa riposte, selon un de ses responsables, cité par l’AFP. Cette riposte sera « à la hauteur de la provocation ».

Le président guinéen, élu en 2010 et réélu en 2015, a confirmé jeudi ce que tout le monde attendait depuis des mois. Il compte soumettre aux Guinéens un projet de nouvelle Constitution, a priori par référendum, à une date qu’il n’a pas précisée. Cette éventualité fait pourtant descendre les Guinéens par dizaines ou centaines de milliers dans la rue quasiment toutes les semaines depuis deux mois.

« Il s’agit ni plus ni moins d’un coup d’État constitutionnel », a dit Fodé Oussou Fofana, numéro deux de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le principal parti d’opposition.

La contestation, durement réprimée à plusieurs reprises, a causé la mort d’au moins 20 civils et un gendarme. Des centaines de personnes ont été arrêtées. Les défenseurs des droits de l’Homme dénoncent l’usage excessif de la force, des arrestations arbitraires et l’impunité des forces de sécurité.

Pour l’opposition, il ne fait aucun doute qu’à 81 ans, Alpha Condé, à l’exemple d’autres leaders africains, cherche à créer les conditions pour se représenter fin 2020, à l’expiration de son mandat à la tête de ce petit pays de 13 millions d’habitants, pauvre malgré d’importantes ressources minières. L’actuelle Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels.

Alpha Condé s’est une nouvelle fois gardé de dévoiler ses intentions personnelles jeudi. Il a présenté son initiative comme résultant d’un « débat » en cours sur les « lacunes et incohérences » du texte. Il a fugitivement évoqué la contestation comme le fait de « certains acteurs sociopolitiques » remettant en cause l’ordre public. Le projet de Constitution « fera l’objet d’une large vulgarisation avant son adoption par le peuple souverain », a-t-il dit.

L’article 40 du texte publié en même temps que son allocution stipule que « le Président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une fois ». Le mandat présidentiel est actuellement de cinq ans.

Seulement, dit l’opposition, cette nouvelle Constitution ne contrarierait pas les desseins de Condé. Au contraire, elle remettrait les compteurs à zéro, lui permettant de se représenter.