Le président du Bénin, Patrice Talon a senti le vent du boulet, lundi, avec la marche des partis d’opposition qui a réuni des dizaines de milliers de citoyens à Cotonou.
Cette mobilisation populaire a été organisée pour protester contre la décision de la commission nationale électorale (CENA) d’exclure tous les partis d’opposition de la compétition pour les législatives du 28 avril prochain.
Écarter toute l’opposition est un acte, à la fois brutal et autoritaire qui, s’il s’imposait, porterait un coup mortel à la démocratie béninoise. La question est de savoir quelle mouche a piqué Talon qui a été élu, démocratiquement, il y a trois ans ?
C’est peut-être la drogue du pouvoir car, depuis son avènement, Talon, homme d’affaires richissime, harcèle ses opposants. Même celui qui avait fait pencher la balance en sa faveur, Sébastien Ajavon qui était arrivé troisième à l’élection présidentielle. Et qui avait choisi Talon contre le premier ministre d’alors Zinsou. Aujourd’hui, Ajavon vit en exil, après avoir été condamné par contumace.
Talon qui s’était engagé à faire un mandat unique, ne fait plus mention de cette promesse de campagne qui l’avait rendu très populaire. Oublier une promesse est une chose, se débarrasser de toute l’opposition en est une autre.
C’est inacceptable en démocratie de décréter l’ensemble des partis de l’opposition hors course pour les élections législatives. Comment une idée aussi saugrenue peut-elle traverser l’esprit d’un homme doué de raison comme Talon, président d’un pays qui s’est illustré dans les luttes démocratiques et qui a déjà connu de multiples alternances ?
Des hommes politiques de haute stature comme feu Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo y ont subi des défaites retentissantes après avoir gagné, haut la main, la présidentielle.
Talon n’ignore pas l’histoire politique de son pays et il devrait savoir que ses concitoyens ne vont pas le laisser fouler au pied la démocratie béninoise. La marche de lundi est un avertissement et celle de demain (jeudi), annoncée par le parti du doyen Adrien Houngdbédji pourrait enfoncer le clou.
Il est encore temps pour Talon de marcher droit, sur terre et de ne pas rester « droit dans ses bottes ». Il est entrain de faire fausse route et de s’engager dans une impasse, celle de l’autoritarisme.