De graves violations des droits de l’homme, dont des crimes contre l’humanité, se poursuivaient sans relâche au Burundi, selon des enquêteurs de l’ONU. Ces derniers viennent de dénoncer les « appels récurrents à la haine » du président Pierre Nkurunziza.
La Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi, établie en 2016 par le Conseil des droits de l’homme, a en effet publié un rapport où elle fustige l’actuel président du Burundi. « Ce climat attentatoire aux droits de l’homme continue à être favorisé par des appels récurrents à la haine et à la violence de la part d’autorités, dont le chef de l’État, et de membres du CNDD-FDD (parti au pouvoir), ainsi que par une impunité générale », a indiqué la Commission dans son rapport.
Le gouvernement burundais a balayé cette accusation, par la voix de son porte-parole, Jean-Claude Karerwa, interrogé par l’AFP: « Nous mettons au défi le président de cette commission Doudou Diène de produire ne fut-ce qu’une seule phrase où son excellence le président Pierre Nkurunziza appelle à la haine et à la violence ».
Il y a un an, la commission de l’ONU avait indiqué avoir « des motifs raisonnables de croire que plusieurs de ces violations, commises en majorité par des membres du service national de renseignement, de la police et de l’armée ainsi que des Imbonerakure (ligue des jeunes du parti au pouvoir, qualifiée par les Nations unies de milice), constituent des crimes contre l’humanité ».
La commission assure dans son rapport publié mercredi que ces violations, « dont certaines sont constitutives de crimes contre l’humanité », se sont poursuivies en 2017 et 2018, citant des exécutions sommaires, des disparitions forcées, des détentions arbitraires, des tortures et autres traitements cruels, et des violences sexuelles.
Le Burundi est en crise depuis que le président Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat controversé. Sa réélection en juillet de la même année a déclenché une crise qui a fait au moins 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes. Ces violences ont poussé la Cour pénale internationale (CPI) a ouvrir une enquête.
Le président burundais a toutefois surpris les observateurs en assurant qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution le lui permet.