Luigi Di Mai, leader du mouvement italien M5S.

Le Mouvement 5 étoiles et la Ligue sont parvenus à un accord de gouvernement. Lundi, les leaders des deux mouvements ont été reçus au palais présidentiel.

Il va encore falloir patienter un peu avant que ne soit dévoilé le nom du premier ministre italien, mais cela ne saurait trop tarder. En effet, lundi, le mouvement 5 étoiles (M5S) et la ligue, deux partis antisystème et eurosceptiques, ont trouvé un accord de gouvernement qui devrait mener à l’annonce d’un nouveau dirigeant pour l’Italie, troisième économie de la zone euro.

Le patron du M5S, Luigi Di Maio, ainsi que le leader de la Ligue du Nord, Matteo Savini, doivent tous deux être reçus lundi au Quirinal, le palais présidentiel, pour présenter les détails de cet accord.

Quelque 70 jours après les législatives, qui n’ont pas permis de dégager une majorité claire au Parlement, les deux formations ont trouvé des points de convergence pour former le premier gouvernement antisystème en Italie, et même en Europe occidentale.

Dès dimanche, Luigi Di Maio a brièvement téléphoné au secrétaire général de la présidence pour annoncer qu’il était prêt, avec Matteo Salvini, à rendre compte de tout, y compris du nom du futur Premier ministre, et ce, dès lundi, a indiqué l’agence AGI, citant des sources des deux partis. Le nom du nouveau chef du gouvernement italien devra être validé par le chef de l’État, Sergio Mattarella, qui pourrait annoncer sa nomination en début de semaine.

Un Premier ministre ni M5S ni Ligue ?

Un représentant du M5S, joint par l’AFP, a indiqué que Luigi Di Maio tenait à réserver la primeur des informations sur le programme du futur gouvernement et le nom du chef du gouvernement au président de la République.

Selon les médias, le candidat pour diriger l’Italie devrait être une tierce personne n’appartenant ni à la Ligue ni au M5S. Elle devra aussi faire autorité au plan international et être en mesure de rendre compatible avec Bruxelles la tonalité eurosceptique du futur exécutif.

Plusieurs noms étaient avancés dimanche par la presse transalpine : l’économiste Guido Tabellini, 62 ans, la diplomate Elisabetta Belloni, 59 ans, actuelle secrétaire générale du ministère des Affaires étrangères, Michele Geraci, 50 ans, professeur d’économie à la New York University de Shanghai, ou encore le président de la société italienne de construction navale Fincantieri, Giampiero Massolo, 63 ans.

Selon la Constitution italienne, les ministres sont nommés par le président de la République sur proposition du chef du gouvernement désigné. Il est de coutume que ce dernier accepte dans un premier temps la charge avec réserve.

Après une série de consultations pour former son équipe, il revient au palais présidentiel pour y être officiellement nommé. Après avoir passé au crible une vingtaine de points, la Ligue et le M5S se seraient accordés sur la nécessité de revenir sur une réforme retardant progressivement l’âge de départ à la retraite. Il est actuellement fixé à 66 ans et sept mois, avant de passer à 67 ans en 2019.

Des dossiers repoussés

Il est probable que soit introduit le barème 100, à savoir la possibilité de quitter le travail lorsque la somme de l’âge et des années de cotisation est égale à 100 (par exemple 64 ans et 36 ans de cotisations).

Un compromis aurait aussi été trouvé sur un report à 2019 du revenu de citoyenneté, une idée forte du M5S, ainsi que sur une reconfiguration de la « flat tax » voulue par la Ligue.
Selon le M5S, ce taux d’imposition unique de 15 % pour les Italiens pèserait lourdement sur les comptes publics. Le dossier le plus sensible est sans doute celui de l’immigration, « l’approche de la Ligue étant plus musclée que celle du M5S », selon le quotidien Corriere della Sera.

Pour la composition du gouvernement, Ligue et M5S doivent aussi s’entendre sur leurs poids relatifs : face aux plus de 32 % obtenus par le M5S aux législatives, Matteo Salvini s’appuie depuis deux mois sur les 37 % de la coalition de droite, mais la Ligue n’en a obtenu que 17 %.