Des plaisantins, un cas isolé… les officiels gabonais ont beau minimisé l’impact de la tentative de putsch survenue lundi dernier, ils ne sont pas parvenus à dissimuler le grand malaise que vit le régime en ce moment. Un malaise dû non pas à l’état de santé du président Bongo, qui se porte mieux désormais, mais à l’incompétence et le manque de loyauté d’une certaine élite autour du président.
C’est une semaine pas comme les autres pour le peuple gabonais. En l’absence de son président, Ali bongo, en convalescence au Maroc, les quelque 1,5 millions de Gabonais se sont réveillés lundi dernier sur la voix d’un militaire annonçant la chute du régime en place depuis la radio nationale.
Une tentative de putsch ratée certes mais révélatrice d’un malaise profond que vit le pays depuis quelques mois. Plusieurs spécialistes de la question gabonaise n’hésitent pas à rappeler que l’arrivée du nouveau directeur de cabinet du président, le français Brice Laccruche Alihanga, a été l’un des tournants majeurs dans la gestion de la question politique dans ce pays d’Afrique.
En effet, on est loin du profil leader et rassembleur de l’ancien directeur de cabinet du président. Un poste toujours accordé à des personnalités de haut rang. Ne faisant pas l’unanimité au moment de sa nomination, il n’a jamais su gagner l’estime des Gabonais depuis qu’il a assumé ses fonctions. Interventionnisme, dépassement des prérogatives et alliances douteuses dans le dos du président ont marqué ces deux dernières années. Dans une quête de positionnement, plusieurs adversaires politiques du président Bongo ont pu exploité les failles dues à la mauvaise gestion de question pourtant si simple durant le mandat de l’ancien bras droit
Au début c’était l’AVC
Aujourd’hui et au moment où le président gabonais se prépare à reprendre les commandes, son entourage s’affole. En effet, après l’AVC du président survenu à Riyad, son entourage a tenté un transfert rapide à Londres pour isoler Bongo de ses soutiens africains et préparer le terrain pour empêcher son retour attendu au palais présidentiel. C’était sans compter sur la position ferme de Rabat lié par une amitié historique et profonde avec le peuple et le président du Gabon. En effet, les gouverneurs de Rabat ont réussi à assurer le transfert du président gabonais à l’hôpital militaire de Rabat où il a pu reprendre ses forces et adresser un discours à son peuple.
L’échec du plan de transfert à Londres a poussé les proches collaborateurs du président à trouver un nouveau plan pour entacher sa popularité. Le directeur du cabinet a donc mené une campagne de communication des plus médiocre tout en révélant certains secrets de la présidence. Une démarche visant à semer le doute auprès du peuple gabonais mais également auprès des militaires.
Selon les sources d’AC, le plan était d’affaiblir le président afin de le contraindre à prendre des mesures au profit d’une certaine élite en quête d’élargissement de son pouvoir. « Le fameux plan prévoyait de saboter la popularité du président avant d’organiser un coup d’État dans quelques semaines à l’aide de mercenaires français installés depuis quelques jours dans le pays ».
Des mercenaires à Libreville
« Ils étaient bien installés en attendant le feu vert ». C’est dans ces mots qu’une source proche de la présidence au Gabon décrit la présence en fin d’année dernière de plusieurs mercenaires français à Libreville. « Il s’agit d’un groupe de onze vétérans des forces spéciales françaises venus cristalliser les tensions » avait annoncé la presse locale depuis quelques semaines.
Passant par le RPIMa, les Chasseurs alpins ou le Service action de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), ces hommes bien entrainés étaient discrètement installées dans la capitale gabonaise. Ils ont rapidement quitté les lieux après l’interpellation par les autorités gabonaises d’un certain Stephan Privat, ancien sous-officier du 8e RPIMa, de passage à l’aéroport de la capitale le 8 décembre dernier. Une enquête a été d’ailleurs ouverte par la sécurité militaire afin d’identifier les membres du groupe et les raisons de son séjour au Gabon. Selon une source proche de l’enquête, M. Stephan Privat aurait rencontré le directeur du cabinet du président Brice Laccruche Alihanga durant la période de convalescence du président.