Huit ans après la révolte, le pays s’enlise dans la crise.

La Libye s’enlise dans une interminable crise. En se soulevant contre le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi, les Libyens rêvaient d’un État moderne et démocratique. Mais huit ans après, ils n’entrevoient toujours pas le bout du tunnel face au chaos qui s’éternise sans solution viable en vue.

La révolte a été déclenchée le 17 février 2011 dans la foulée du Printemps arabe. Mais depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, la Libye est déchirée par des luttes d’influence que se livrent dans l’impunité la plus totale les nombreuses milices mais aussi les dizaines de tribus, composantes essentielles de la société libyenne.

« Les divisions politiques et militaires en Libye se creusent et les efforts visant à réunir les camps rivaux autour de la même table ont jusqu’à présent échoué », a déploré Claudia Gazzini, analyste au centre de réflexion International Crisis Group, cité par l’AFP. « Tout effort visant à unir la Libye nécessite une stratégie intégrée comprenant un volet politique, un volet sécurité et un volet économique », estime l’experte.

Sur le terrain, deux autorités se disputent aujourd’hui le pouvoir dans ce riche pays pétrolier : le gouvernement d’union nationale (GNA), issu, fin 2015 d’un accord parrainé par l’ONU, est basé à Tripoli, tandis qu’une autorité rivale s’est installée dans l’Est du pays, contrôlé par l’Armée nationale libyenne (ANL) auto-proclamée par le maréchal Khalifa Haftar.

Le maréchal tente d’étendre son influence en se lançant mi-janvier à la conquête du sud du pays, une vaste région désertique marginalisée par les autorités de transition successives, devenue un repaire pour les terroristes et les trafiquants de tout genre. En obtenant le ralliement de tribus locales, il s’est déjà emparé sans combats de la ville de Sebha, chef-lieu de cette région, ainsi que d’al-Charara, un des plus importants champs pétroliers du pays,

Le GNA n’a pas condamné clairement l’opération de Haftar mais les milices tripolitaines ont dénoncé cette semaine le « projet du criminel de guerre qui cherche à obtenir le pouvoir avec le sang des enfants de ce pays ». L’opération vise selon l’ANL à « purger » cette région « des terroristes et criminels », ainsi que des groupes rebelles tchadiens basés dans le sud de la Libye.

Mais d’après des analystes, derrière la campagne militaire de l’ANL se cachent aussi des enjeux politiques, pétroliers et financiers. Elle risque aussi de saboter les efforts visant à mettre fin à la crise politique libyenne, avec une nouvelle tentative de tenir des élections cette année, comme le prévoit l’ONU.