Le président Ernest Bai-Koroma termine ses deux mandats et va passer la main à son successeur qui sera élu lors des élections qui ont lieu aujourd’hui. Ce qui est banal dans de nombreux pays du monde est une chose de plus en plus rare sur le continent africain.ed
En Afrique centrale, par exemple, la règle est de multiplier les mandats à l’indéfini. Ailleurs on louvoie, comme en Guinée-Conakry où le vieil opposant et président finissant ses deux mandats cherche à rester au pouvoir. À tout prix ! L’exemple de son voisin sierra-léonnais le fera-t-il réfléchir ? Rien n’est moins sûr !
Quoiqu’il en soit Ernest Bai-koroma va entrer dans le cercle restreint des anciens chefs d’Etat africains respectueux de l’alternance démocratique, soit parce qu’ils ont épuisé le nombre de mandats fixés par la Constitution, soit parce qu’ils ont été battus dans les urnes. S’il faut se féliciter du comportement de Koroma c’est aussi parce que son pays a traversé des moments dramatiques de guerre civile, de lutte contre l’épidémie d’ebola et d’inondations meurtrières l’année dernière. Ces drames successifs ont éprouvé les populations qui ont, quand même, su relever la tête.
Elles ont refusé de sombrer dans le désespoir et le fatalisme. Et c’est pour quoi les élections présidentielles de ce jour couplées à celles des législatives et des locales sont un moment de célébration d’un peuple debout attaché à la démocratie. L’acte posé par le président sortant-qui n’a pas cherché à violer la Constitution- est digne d’éloge. Il fait entrer son pays dans l’ère de la démocratie apaisée.
Il s’agit d’un pas de géant pour un petit pays martyrisé par le destin. Il faut souhaiter que le nouveau président joue le jeu démocratique jusqu’au bout et que l’exemple de Koroma fasse tâche d’huile.
Il va falloir cependant gagner la bataille dans les écoles car la démocratie s’apprend et se pratique. Ses règles sont simples mais aussi contraignantes. Le souverain c’est le peuple et sa décision s’impose à tous. Le système n’est pas parfait, loin de là. Il est « même le pire à l’exception de tous les autres » comme le sourient Churchill.
La Sierra-Leone, ancienne colonie britannique, peut s’inspirer du modèle britannique qui est une référence démocratique. Alors elle mettrait aussi en valeur ses propres traditions culturelles tout en respectant celles salutaires en politique que met en exergue la démocratie.