L’ancien président soudanais Omar El-Béchir a été inculpé samedi par un tribunal de Khartoum de possession illégale et d’utilisation frauduleuse de fonds étrangers. L’ex-président a été destitué et arrêté par l’armée, sous la pression de la rue, en avril 2019 après 30 ans au pouvoir.
Le président déchu encourt jusqu’à 10 ans de prison pour l’acquisition de ces fonds et jusqu’à trois ans pour les transactions illégales effectuées, selon le juge Al-Sadeq Abdelrahmane, cité par l’AFP. Mal rasé et vêtu de la longue robe blanche traditionnelle, El-Béchir, 75 ans, a été placé dans une cage en métal dans la salle d’audience.
Les avocats de l’ex-président ont indiqué qu’ils présenteraient des témoins à la barre et des « preuves » de son innocence à la reprise du procès le 7 septembre. L’ex-président El-Béchir faisait face à des accusations de « possession de devises étrangères, de corruption » et de trafic d’influence. Ce procès ne concerne pas les lourdes accusations de crimes contre l’humanité et de génocide dans la région du Darfour (Ouest) portées contre lui par la Cour pénale internationale (CPI).
Les autorités soudanaises auraient saisi 6,9 millions d’euros, 351.770 dollars et 5,7 millions de livres soudanaises (un peu plus de 110.000 euros) au domicile de El-Béchir, illégalement entrés en sa possession et utilisés.
Durant la première audience, un enquêteur avait affirmé que l’ex-président avait avoué avoir reçu à titre personnel d’importantes sommes d’argent en espèces d’Arabie saoudite -à hauteur de 90 millions de dollars (80 millions d’euros)-.
Fin avril, le général Abdel Fattah Al-Burhane, chef du Conseil militaire alors au pouvoir, avait affirmé que l’équivalent de plus de 113 millions de dollars avaient été saisis dans la résidence de l’ex-président à Khartoum.
Le tribunal n’a pas mentionné samedi la question de deux montants -35 et 30 millions de dollars- évoqués par un enquêteur à la première audience et versés par l’ex-roi saoudien Abdallah, décédé en 2015.
Rappelons que le procès de El-Béchir s’est ouvert le 19 août, deux jours après la signature d’un accord historique entre un Conseil militaire qui lui avait succédé et les meneurs d’une contestation inédite. L’accord stipule une période de transition mettant fin à 30 ans de dictature militaire.