Oly Ilunga, l’ex-ministre congolais de la Santé, est inculpé pour détournement.

L’ex-ministre de la Santé de la République démocratique du Congo, Oly Ilunga, a été inculpé mardi pour « détournement » présumé de fonds alloués à la lutte anti-Ebola, sur fond de deuxième épidémie la plus grave de l’histoire.

Le docteur Oly Ilunga, 59 ans, a été placé en « résidence surveillée » à Kinshasa après une journée d’audition au parquet, selon son avocat Guy Kabeya, cité par l’AFP. Sur le fond, l’ex-ministre est accusé d’avoir détourné 4,3 millions de dollars mis à sa disposition pour lutter contre l’épidémie d’Ebola. Son entourage affirme qu’il n’a reçu du Trésor public que 2,4 millions de dollars en 11 mois pour lutter contre Ebola.

L’ex-ministre congolais de la santé avait été interpellé samedi par la police, accusé de vouloir gagner l’étranger. Il était sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire national. Ilunga nie cette tentative via le Congo-Brazzaville, de même qu’il nie toutes les charges que le parquet de la cour de Cassation lui a verbalement notifiées ce mardi après une journée d’audition.

Les ennuis judiciaires de l’ex-ministre interviennent moins de deux mois après sa démission fracassante du gouvernement congolais, le 22 juillet, en exprimant son désaccord profond avec le président Tshisekedi.

Trois jours auparavant, le chef de l’État avait décidé de placer la « riposte » anti-Ebola sous son contrôle direct, écartant de facto le ministre de la Santé nommé en décembre 2016. Dans sa lettre de démission, le docteur Ilunga avait dénoncé un risque de « cacophonie » et de « confusions » à la suite de la décision du chef de l’État.

L’actuelle épidémie d’Ebola, la dixième sur le sol congolais, a tué à ce jour près de 2.100 personnes dans l’est de la RDC. Il s’agit de la deuxième la plus grave de l’histoire après celle en Afrique de l’Ouest en 2014 (11.000 morts).

L’épidémie qui touche surtout Beni-Butembo (Nord-Kivu) a été élevée au rang « d’urgence de santé publique de portée internationale » par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en raison des risques de propagation aux pays voisins (Ouganda, Rwanda).

Dans sa lettre de démission, le ministre s’était aussi opposé à l’introduction d’un deuxième vaccin anti-Ebola. À ce jour, plus de 200.000 personnes ont reçu une dose du rVSV-ZEBOV fabriqué par le groupe pharmaceutique Merck.