Le quartier majoritairement musulman du PK5, à Bangui, a été le théâtre d’un massacre.

Au moins 33 cadavres, tous des musulmans, ont été ramassés le 26 décembre dernier dans le quartier PK5, au centre de Bangui, qui sert de refuge (très aléatoire certes) à la minorité musulmane qui vit dans la République Centrafricaine.

Depuis les massacres déclenchés par les Anti-Balaka à l’encontre des musulmans en 2013-2014, avec la complicité de l’ancien président François Bizizé, les membres de la communauté musulmane, se sont massivement repliés dans le quartier PK5, situé au centre de la capitale.

Mercredi et jeudi derniers, près d’une cinquantaine de boutiques appartenant aux commerçants musulmans ont été attaquées, saccagées et pillées par les milices Anti-Balaka qui sèment la terreur dans le pays, mais particulièrement dans le quartier PK5, abri de ce qui reste parmi la minorité musulmane dans le pays.

La Cour pénale internationale (CPI) vient de retenir mercredi dernier les charges de crimes de guerre et crimes contre l’humanité à l’encontre des deux ex-chefs de milices à savoir, Patrice-Édouard Ngaïssona, ancien ministre des Sports de François Bozizé et ancien président de la Fédération centrafricaine de Football et membre du Comité exécutif de la Confédération africaine de Football (la CAF), autoproclamé Coordinateur politique des Anti-Balaka et Alfred Yekatom, ancien député qui commandait environ 3000 combattants Anti-Balaka.

Ces deux hommes et leurs milices auraient commis meurtres, viols, tortures, déplacements forcés de populations, persécutions et autres actes inhumains notamment à l’égard de la communauté musulmane centrafricaine.

Il est paradoxal que François Bozizé, qui est revenu récemment à Bangui pour préparer les prochaines élections, malgré une interdiction des Nations-unies le frappant, ne soit poursuivi au même titre que son ancien ministre Patrice-Édouard Ngaïssona !

L’autre paradoxe : le silence et l’inaction coupables de la communauté internationale, face au génocide qui s’opère au grand jour en République Centrafricaine. Il est vrai qu’en 2014, l’Organisation pour la Coopération islamique (OCI) avait nommé l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, représentant spécial du Secrétaire général de l’OCI à Bangui, mais rien de concret n’a été fait depuis lors, pour protéger la minorité musulmane, cible d’attaques quasi-quotidiennes des Anti-Balaka.

La Mission multidimensionnelle intégrée pour la stabilisation de la République centrafricaine (MINUSCA), semble incapable de remplir sa mission de maintien de la paix et de stabilisation du pays.

Il est temps que la communauté internationale se préoccupe sérieusement et dans l’urgence du dossier brûlant de la République Centrafricaine. En attendant, les fouteurs de trouble, comme Bozizé et consorts, doivent être écartés de toute compétition électorale, organisée dans le pays.