Les généraux soudanais ont annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi suspendre pendant 72 heures les discussions avec le mouvement de contestation. Une « pause indispensable » selon les militaires pour préparer un accord global sur le transfert du pouvoir au civil.
Les nouveaux accrochages armés, qui ont fait au moins huit blessés en soirée, à proximité du QG de l’armée à Khartoum, seraient à l’origine de cette suspension. « Nous avons décidé de suspendre les discussions pendant 72 heures pour préparer le terrain » à la conclusion d’un accord sur la transition, a déclaré le chef du Conseil militaire, le général Abdel Fattah al-Burhane, dans un discours à la nation retransmis par la télévision publique jeudi peu avant l’aube. Une annonce qui intervient après plusieurs jours marqués par des progrès dans les pourparlers.
Le Conseil militaire et les dirigeants de l’ALC étaient censés plancher mercredi soir sur la composition d’un Conseil souverain, institution clé de la période de transition, fixée à trois ans, après avoir progressé sur la formation d’une Assemblée législative.
Le dirigeant du Conseil militaire, qui avait évincé le 11 avril le président Omar El-Béchir, n’a pas totalement fermé la porte aux négociations sur un transfert du pouvoir aux civils. Mais il a mis la pression sur les chefs de la contestation pour qu’ils contrôlent mieux leurs troupes.
Il a en particulier souhaité, durant cette période de 72 heures, une levée des barricades à Khartoum et la réouverture d’une ligne de chemin de fer reliant la capitale au reste du pays, qui a été fermée, selon lui, par les manifestants. Plus largement, il a réclamé la fin des « provocations » à l’égard des forces de l’ordre.
La dégradation de la situation de la sécurité à Khartoum a pris la forme d’« une escalade verbale » contre les forces armées, selon le général Burhan, faisant par ailleurs écho à de récents propos du Conseil militaire au pouvoir sur l’« infiltration parmi les manifestants d’éléments armés responsables de tirs contre les forces de l’ordre ».
L’origine des tirs qui ont fait huit blessés parmi les manifestants mercredi soir reste indéterminée. Mais, à la suite de ces violences, l’Association des professionnels soudanais (SPA), un pilier de la contestation, a appelé dans un communiqué les Soudanais à montrer leur « soutien aux manifestants », en rejoignant le sit-in devant le QG de l’armée. Elle a en même temps exhorté à « garder le caractère pacifique » du mouvement et « à éviter tout affrontement ».
Le processus de négociation avait enregistré d’importants progrès depuis lundi. La physionomie de l’assemblée législative a été définie. Elle devrait être composée de 300 membres, dont 67% seront désignés parmi l’ALC. Le reste des sièges sera réservé aux représentants des forces politiques non affiliées à cette alliance.