Les violences, qui durent depuis plusieurs semaines, en Guinée attirent l’attention de la Cour pénale internationale (CPI). Dans un communiqué publié ce lundi, la procureure de la Cour vient de mettre en garde les responsables de l’escalade de la violence dans ce pays, exhortant le gouvernement et l’opposition à renouer le dialogue.
« Suite aux informations faisant état de nombreux épisodes de violence en Guinée au cours des dernières semaines, j’appelle tous les responsables et leurs sympathisants à s’abstenir de la violence et à reprendre le dialogue pour éviter de nouvelles victimes », a déclaré la procureure de la CPI, Fatou Bensouda.
« Toute personne qui commet, ordonne, incite, encourage ou contribue de toute autre manière à commettre des crimes atroces (…) est passible de poursuites par les tribunaux guinéens ou par la CPI », a-t-elle prévenu dans un communiqué.
Au moins 16 civils et un gendarme ont trouvé la mort au cours de l’intense mouvement de contestation dont la Guinée, petit pays pauvre de 13 millions d’habitants, est la proie depuis le 14 octobre, à l’instigation du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Des dizaines d’autres personnes ont été blessées, des dizaines arrêtées et jugées.
Mme Bensouda a ajouté que son bureau s’était rendu en Guinée fin octobre pour faire le point sur l’enquête liée au massacre de plus de 150 partisans de l’opposition, il y a 10 ans. Établie à La Haye (Pays-Bas), la CPI a ouvert une enquête préliminaire sur le massacre perpétré le 28 septembre 2009 dans l’enceinte du plus grand stade de Conakry, lorsque les forces de sécurité avaient tiré sur une foule qui manifestait contre le chef de la junte de l’époque Moussa Dadis Camara. Plus de 100 femmes avaient en outre été violées.
L’instruction judiciaire est close depuis fin 2017. 13 militaires et un civil sont inculpés, selon un avocat des victimes, Alpha Amadou Bah. Mais 10 ans après, le procès se fait toujours attendre au grand dam des proches, des défenseurs des droits humains et de la communauté internationale Mme Bensouda s’est déclarée encouragée par des déclarations du ministre guinéen de la Justice, Mohamed Lamine Fofana, au cours de la visite de son équipe, annonçant que le procès des responsables du massacre de 2009 devrait commencer au plus tard en juin 2020.
À 81 ans, M. Condé entretient le flou sur ses intentions, mais a entamé en septembre des consultations sur la Constitution. L’opposition accuse de dérive « dictatoriale » l’ancien opposant historique qui fut le premier président démocratiquement élu en 2010, réélu en 2015, après des décennies de régimes autoritaires et militaires.