Les législatives de dimanche ne semblent dégager aucune majorité claire pour la formation d’un gouvernement tunisien. Une situation qui augure de négociations ardues, qui ont débuté avant même la proclamation des résultats officiels mercredi et le second tour de la présidentielle dimanche.
L’abstention a atteint 58,6%, soit près du double des législatives de 2014. Pour les observateurs, l’abstention n’est pas seulement la marque d’un désintérêt mais aussi une sanction envers les partis en lice, et l’offre politique.
« Ça fait deux mois qu’on parle des élections et on prévoyait un taux supérieur », a reconnu le président de l’instance chargée des élections (ISIE), Nabil Baffoun, tout en estimant la participation “respectable”.
Lors des premières municipales de l’après-révolution, en mai 2018, l’abstention avait atteint un record de 66,3%, elle a été de 51% pour le premier tour de la présidentielle le 15 septembre.
« C’est aussi lié à la mauvaise performance » du Parlement sortant, estime aussi Selim Kharrat, de l’observatoire du Parlement al-Bawsala. Absentéisme, revirements politiciens, manque d’initiative ou lien distendu avec les circonscriptions: « 73% des Tunisiens n’ont pas confiance en l’Assemblée », juge M. Kharrat, alors que la Constitution de 2014 fait pourtant d’elle le cœur du pouvoir.
Selon deux instituts de sondages locaux, Emrhod et Sigma, le parti d’inspiration islamiste Ennahdha aurait obtenu le plus grand nombre de sièges, à savoir 40 sur un total de 217, contre 33 à 35 pour Qalb Tounes, nouveau parti du finaliste de la présidentielle Nabil Karoui, actuellement en prison.
Un troisième sondage, de Targa consult, donne 46 sièges à Ennahdha et 35 à Qalb Tounes. Les deux formations ont chacune assuré être arrivée en tête, sans donner de chiffres. Les résultats préliminaires officiels sont attendus mercredi.
Mais, selon ces sondages, aucun parti ne dépasse 20% de voix. En terme de sièges, les scores évoqués constituent à peine un tiers du nombre requis pour décrocher une majorité absolue au Parlement (109). Même s’il obtient la première place, Ennahdha perdrait entre 20 et 30 députés par rapport à l’Assemblée sortante.
En outre, derrière ce duo de tête, qui avait exclu toute alliance durant la campagne, le tableau est éclaté : une série de formations hétéroclites détiendraient moins de 20 sièges chacune.