Les Béninois ont voté dimanche pour élire leurs députés lors d’un scrutin où l’opposition n’a pas été autorisée à se présenter. Une première. Ce scrutin a aussi été marqué par une abstention massive et une coupure totale de l’internet.
L’opposition béninoise, privée de candidats à la suite d’une révision de la loi électorale, avait appelé ses partisans à ne pas aller voter, en signe de protestation. Les Béninois, mécontents de la situation dans leur grande majorité, ne sont pas descendus dans les rues pour manifester mais ont signifié leur désaccord en boudant les urnes en masse.
Cinq millions de Béninois sont inscrits sur les listes électorales, et avaient jusqu’à 16h00 (15H00 GMT) pour choisir entre le Bloc Républicain et l’Union Progressiste, deux mouvements proches du président Patrice Talon.
Dans les bureaux de vote, les électeurs ont défilé « au compte-gouttes », expliquait à la mi-journée Kpleli Glele Marius, président d’un bureau de vote de Seme-Podji, région de l’opposant en exil Sébastien Ajavon, cité par l’AFP.
Les représentants de la Commission électorale (Céna) ainsi que les observateurs des partis étaient atterrés et fatigués par des heures d’attente. « On n’a jamais vu ça », confiait l’un d’eux au moment du dépouillement. « La population n’est pas sortie ».
« La vague d’arrestations arbitraires de militants politiques et de journalistes et la répression des manifestations pacifiques ont atteint un niveau alarmant au Bénin », s’est inquiété Amnesty International dans un communiqué publié vendredi soir.
Le Parlement a approuvé fin 2018 la mise en place d’un nouveau code électoral pour simplifier le paysage politique et empêcher la prolifération des partis (plus de 250 dans un pays de 12 millions d’habitants).
Toutefois, même les principaux mouvements de l’opposition ne sont pas parvenus à remplir les conditions imposées par la Céna et n’ont pu présenter leur liste. Beaucoup accusent le président Patrice Talon, élu en avril 2016, d’être à l’origine de cette situation.
Nombreux organismes de la société civile béninoise ainsi que des représentants internationaux n’ont pas souhaité déployer d’observateurs en signe de mécontentement. Les principaux opposants au président Talon vivent actuellement en exil, et récemment de nombreux militants, politiques ou journalistes ont été interpellés ou convoqués au commissariat.
C’était également la stupéfaction dimanche matin lorsque le pays s’est réveillé sans aucun accès aux réseaux sociaux pour la première fois de son histoire. Au cours de la journée, tout accès à internet a été coupé sur l’ensemble du territoire.
Amnesty International, qui s’était déjà inquiété vendredi d’un « niveau de répression alarmant » au Bénin, a dénoncé « la décision de couper l’accès à internet le jour de l’élection ».