L’ancien chef militaire de la wilaya IV, Lakhdar Bouregaa, a été placé sous mandat de dépôt par le tribunal de Bir Mourad Raïs.

Un célèbre vétéran algérien de la guerre d’indépendance contre la France, Lakhdar Bouregaâ, a été placé dimanche en détention. Il est accusé d’« outrage à corps constitués », selon la télévision nationale.

Lakhdar Bouregaâ a été placé sous mandat de dépôt après avoir été entendu par un juge d’instruction du tribunal de Bir Mourad Rais, à Alger. Le vétéran de 86 ans est poursuivi pour « outrage à corps constitué et atteinte au moral de l’armée », selon la télévision nationale algérienne. Il encourt jusqu’à 10 ans d’emprisonnement, selon le code pénal.

Ancien commandant de l’Armée de libération nationale lors de la guerre contre la France, Lakhdar Bouregaâ a été arrêté samedi à son domicile à Hydra. Cet opposant, qui est de toutes les manifestations populaires depuis la chute le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, a été emmené « dans une caserne des services de renseignements », dans le quartier voisin de Ben Aknoun, selon son fils Imad Bouregaâ, cité dans un entretien avec le site d’informations DZVID.

L’arrestation de Lakhdar Bouregaâ, qui a tenu des propos critiques à l’égard du pouvoir actuel, a suscité l’indignation dans le pays, notamment sur les réseaux sociaux, écrit l’AFP. Le Front des forces socialistes (FFS), le plus ancien parti d’opposition d’Algérie, dont Lakhdar Bouregaâ est l’un des membres fondateurs, a exprimé sa « colère et sa consternation ».

L’arrestation de Bouregaâ « constitue un grave dérapage », ont déclaré une dizaine d’universitaires dans le texte d’une pétition pour sa libération, postée sur Facebook par Fodil Boumala, militant des droits humains.

Pour Imad Bouregaâ, son grand-père a été interpellé en raison de « ses déclarations contre le général Ahmed Gaïd Salah », devenu de facto l’homme fort du pays depuis que le mouvement de contestation a poussé Bouteflika à la démission.

Le vétéran aurait accusé le général de vouloir imposer « son » candidat lors d’un éventuel futur scrutin présidentiel, selon Imad Bouregaâ. Le général Gaïd Salah est critiqué pour son rejet des revendications de la contestation qui réclame notamment la mise en place d’institutions ad hoc, chargées d’introduire des réformes, d’élaborer un nouvelle Constitution puis d’organiser une élection présidentielle.