Aristide Gomes a été reconduit à son poste de Premier Ministre.

Le président bissau-guinéen José Mario Vaz a reconduit samedi Aristide Gomes au poste de Premier ministre. Une décision prise après des semaines de mésentente avec la majorité issue des législatives de mars sur le choix d’un nouveau chef de gouvernement.

Aristide Gomes est nommé Premier ministre, a indiqué samedi un décret du président Vaz. Gomes devait être investi dans la foulée dans l’après-midi, selon un communiqué distinct de la présidence.

Plus de trois mois après les législatives, le président Vaz avait refusé de nommer à la tête du gouvernement le chef de la majorité parlementaire, son ex-Premier ministre et chef du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), Domingos Simoes Pereira.

La crise entre les deux hommes, pourtant issus du même parti, avait éclaté en août 2015 avec le limogeage par Vaz de Pereira. Ce dernier était alors son Premier ministre. Vaz a été exclu du PAIGC, formation qui a mené la lutte de libération du pays, peu après avoir limogé M. Pereira.

Le président Vaz n’a pas nommé Pereira malgré plusieurs manifestations de la majorité à Bissau pour l’y contraindre. Il avait également conditionné la nomination d’un Premier ministre à la constitution du bureau de l’Assemblée nationale, toujours bloquée samedi à cause de divergences entre la majorité et l’opposition sur le partage des postes, après les législatives du 10 mars remportées par le PAIGC.

Pour débloquer la situation au niveau gouvernemental, cette formation a finalement proposé de reconduire dans ses fonctions Aristide Gomes, un de ses membres qui occupe le poste de Premier ministre depuis avril 2018.

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), médiatrice dans la crise, avait réclamé jeudi la nomination d’un nouveau Premier ministre d’ici au dimanche 23 juin, menaçant de sanctions la classe politique si elle ne trouvait pas rapidement une issue aux problèmes politiques en cours depuis 2015.

En février 2018, la CEDEAO avait déjà pris des sanctions – interdiction de voyager dans l’espace régional, gel des comptes bancaires – contre 19 personnalités bissau-guinéennes pour non-respect d’un accord de sortie de crise politique, mais celles-ci n’avaient pas eu l’effet escompté.

Notons que la date du 23 juin correspond à la fin du mandat de cinq ans du président Vaz. Passé ce délai, le pays sera en affaires courantes jusqu’à la présidentielle du 24 novembre et le président sera privé de certaines prérogatives, dont celles de nommer un Premier ministre ou de dissoudre le Parlement.