Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a durci le ton samedi comme jamais envers ses anciens alliés de l’opposition interdits de marche dimanche à Kinshasa.
Pour le président Tshisekedi, « il ne faut pas confondre démocratie avec anarchie ou diffamation », dans son premier grand entretien accordé à Radio France internationale (RFI) et France 24 depuis son investiture le 24 janvier. « Je ne pense pas que je suis une marionnette ». Félix Tshisekedi a visé en particulier les opposants de la coalition Lamuka qui contestent le principe même de son élection, à commencer par Martin Fayulu.
« Je suis pleinement président »: le chef de l’État congolais a aussi justifié et détaillé son « deal » avec son prédécesseur et ex-adversaire Joseph Kabila. Le président s’est dit tout à fait « d’accord » avec la décision du gouverneur pro-Kabila de Kinshasa d’interdire une marche à l’appel des cinq leaders de la coalition à Kinshasa dimanche, jour de la célébration du 59ème anniversaire de l’indépendance du Congo.
« Il y a quelques jours, une manifestation a été autorisée et elle a donné lieu à des débordements », s’est justifié le président. Il faisait référence au retour à Kinshasa émaillé d’incidents de l’opposant Jean-Pierre Bemba, un des cinq cadres de Lamuka.
« On maintient la marche », a répété samedi soir à l’AFP le coordonnateur de Lamuka à Kinshasa, Fidèle Babala, un proche de Jean-Pierre Bemba. « Tout attroupement de plus de 10 personnes sera dispersé », a prévenu le chef de la police de Kinshasa Sylvano Kasongo.
Ce scénario est sans précédent dans la capitale depuis début 2018 et les trois marches catholiques anti-Kabila interdites et réprimées à balles réelles (une quinzaine de morts en tout).
« Il n’y aura pas de répression. Les forces de sécurité sont formées pour maintenir la paix », a promis le chef de l’État, formé à l’école des cadres du parti historique d’opposition Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), fondé par son père Etienne Tshisekedi en 1982.