En Guinée-Bissau, le président José Mario Vaz a nommé par décret un nouveau gouvernement ce jeudi 31 octobre. Une nouvelle étape de la crise politique qui intervient à la veille du début de la campagne pour l’élection présidentielle prévue le 24 novembre.
Le nouveau gouvernement est composé de 17 ministres et 14 secrétaires d’État. Les partis alliés au président José Mário Vaz sont largement favorisés : 11 portefeuilles ont ainsi été attribués au Mouvement pour l’alternance et la démocratie et dix au Parti de la rénovation sociale.
L’Alliance populaire unie en récolte quatre. La plupart des membres du nouvel exécutif bissau-guinéen étaient déjà présents dans le gouvernement de transition qui avait fait suite au coup d’État de 2012, selon RFI.
Le président José Mário Vaz persiste donc et signe : malgré les pressions de la CEDEAO qui a dénoncé sa décision de limoger le Premier ministre Aristide Gomes et de nommer à sa place Faustino Imbali, celles de l’ONU, de l’Union africaine et de l’Union européenne qui ont soutenu hier la feuille de route de l’organisation ouest-africaine, le président bissau-guinéen affiche une position volontariste. « Il ne changera pas d’avis », estime un député, cité par RFI alors qu’une délégation de la CEDEAO est attendue à Bissau samedi.
Rappelons que lors du sommet de Ouagadougou en juin 2019, l’Organisation ouest-africaine avait établi la feuille de route : alors que le mandat du président a expiré depuis le 23 juin, elle avait accepté qu’il reste, mais avec des prérogatives très limitées, jusqu’à élection présidentielle, prévue le 24 novembre. Charge au gouvernement d’Aristides Gomes de préparer ces élections et de gérer les affaires courantes. Dans un communiqué très ferme, la CEDEAO a déjà dénoncé des décrets « illégitimes du président » et réaffirmé son soutien à Aristides Gomes.
Pour l’heure, chacun campe sur ses positions. José Mário Vaz a justifié le limogeage du Premier ministre lundi en parlant d’une « grave crise politique qui empêche le fonctionnement normal des institutions de la République ». De son côté, Aristides Gomes lui renvoie la balle et l’accuse de provoquer une crise politique. Quelques jours avant son limogeage, il avait déjà dénoncé « une tentative de coup d’État ».
À moins d’un mois de la présidentielle, la CEDEAO insiste pour que le calendrier soit respecté, au risque de « plonger le pays dans une situation chaotique ».