Le principal opposant du Cameroun, Maurice Kamto, a été libéré samedi à Yaoundé après neuf mois de prison. Une libération qui intervient au lendemain de l’ordre du président Paul Biya d’arrêter les poursuites à son encontre et plusieurs de ses partisans, afin de tenter de sortir son pays des crises multiples qu’il traverse.
Le tribunal militaire de Yaoundé a ordonné samedi midi l’arrêt des poursuites et la remise en liberté de 102 opposants, dont le président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), Maurice Kamto, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2018.
Au sortir de la salle d’audience, la foule scandait « Kamto, notre président, le peuple t’a choisi », selon l’AFP. Un refrain repris régulièrement par ses partisans depuis la réélection de Paul Biya, 86 ans dont 37 au pouvoir, à la présidentielle de 2018, dont le MRC conteste les résultats, estimant que leur candidat Kamto, arrivé deuxième, l’avait remportée.
Maurice Kamto était incarcéré depuis près de neuf mois. Il avait été arrêté fin janvier 2019 avec des centaines de ses partisans à la suite de manifestations pacifiques organisées pour protester contre les résultats de la présidentielle.
Lui et plus de 90 de ses soutiens étaient, depuis, poursuivis par la justice militaire, notamment pour « insurrection », un crime passible de la peine de mort, même si celle-ci n’est plus appliquée au Cameroun. Leur procès s’était ouvert le 6 septembre et devait reprendre théoriquement mardi.
Parmi les 102 personnes ayant comparu devant le tribunal figuraient de nombreuses personnalités de l’opposition qui seront également libérées : l’ex-conseiller économique du président Biya, Christian Penda Ekoka, l’avocate Michèle Ndoki, ou encore le célèbre rappeur Valsero, connu pour ses textes critiques à l’égard du pouvoir.
Le président camerounais Paul Biya avait créé la surprise en annonçant vendredi soir par un tweet l’arrêt des poursuites contre « certains » responsables de l’opposition, notamment ceux du MRC, sans préciser si Kamto était concerné.
Cette annonce était intervenue quelques heures seulement après la clôture du Grand dialogue national, convoqué par le président pour tenter de mettre fin au conflit séparatiste qui ensanglante les deux régions anglophones dans l’ouest du pays. Biya avait déjà annoncé jeudi la fin des poursuites et la libération de 333 personnes arrêtées dans le cadre de la crise anglophone.