Le fondateur de la chaîne de télévision privée Nessma, Nabil Karoui, a annoncé sa candidature à la présidentielle tunisienne de novembre 2019. Aucun des principaux partis du pays n’a encore annoncé de candidat pour la présidentielle du 17 novembre.
Personnalité controversée, Nabil Karoui, un quinquagénaire, est accusé par le régulateur des médias tunisien et certains hommes politiques de se servir de Nessma TV pour nourrir des ambitions politiques.
Après s’être éloigné du parti présidentiel Nidaa Tounès, il s’est lancé ces trois dernières années dans des campagnes de charité à grand renfort de publicité, distribuant nourriture, habits et électroménager sous l’œil des caméras. Pour rappel, le magnat des médias avait été très actif dans la campagne de 2014 du président actuel Béji Caïd Essebsi, 92 ans et qui a indiqué ne pas souhaiter se représenter.
« J’ai été à la rencontre de ces gens, j’ai été les aider, quartier par quartier », a-t-il déclaré lundi soir, lors d’une interview télévisée, faisant allusion à l’émission caritative Khalil Tounès, lancée en hommage à son fils décédé dans un accident de voiture en 2016. Selon l’AFP, il a précisé avoir constitué un groupe d’experts pour présenter un programme et des listes lors des législatives du 6 octobre, qui précèderont la présidentielle.
Lancée en 2007, la chaîne satellitaire Nessma TV compte dans son capital le groupe italien Mediaset de Silvio Berlusconi. Elle est devenue l’une des principales chaînes privées du pays, bien qu’elle émette sans licence, et programme depuis 2011 des débats politiques.
La diffusion fin 2011 du film franco-iranien « Persepolis » sur Nessma TV avait fait polémique en raison d’une représentation de Dieu dans une scène. Elle avait valu une amende de 1.200 euros à Karoui, accusé de « trouble à l’ordre public » et « atteinte aux bonnes mœurs ». Des extrémistes avaient tenté d’attaquer son domicile.
En 2017, la fuite d’un enregistrement attribué à Nabil Karoui, dans lequel il planifiait une campagne de dénigrement contre une ONG anticorruption qui l’avait accusé de fraude fiscale, avait par ailleurs fait scandale. En juin dernier, la haute autorité de contrôle de l’audiovisuel, la Haica, avait accusé la direction de Nessma de « se positionner afin d’influencer les organes de l’État ». La Haica a fait saisir fin avril les équipements de Nessma TV, malgré les protestations de ses journalistes. La chaîne a ensuite repris sa diffusion.