La liste du nouveau gouvernement de Boubou Cissé a été dévoilée le 5 mai.

Depuis la démission de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, le 18 avril dernier et la nomination de l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Dr Boubou Cissé nouveau Premier ministre, le pays était dans l’attente de la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale. C’est fait depuis le 5 mai avec l’entrée de nouveaux membres de l’opposition.

Dr Boubou Cissé nouveau Premier ministre vient de soumettre au Président Ibrahima Boubacar Keïta, les noms des 38 personnalités composant l’attelage gouvernemental. Publié depuis le 5 mai, la nouvelle équipe comprend 38 membres dont 8 femmes.

Le fait le plus marquant reste cependant, l’entrée des membres de l’opposition dans ce gouvernement. M. Tiébilé Dramé, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale est assurément l’une des grandes surprises du nouveau gouvernement. Patron du parti d’opposition PARENA, mais surtout directeur de campagne de Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition malienne.

Naguère, M. Tiébilé Dramé était l’opposant le plus virulent et le plus radical d’IBK. Certains se demandent, si le nouveau patron de la diplomatie malienne n’a-t-il pas trahi son ancien compagnon de lutte, Soumaïla Cissé qui, lui a préféré rester dans l’opposition ? Niet, rétorque Soumaïla Cissé : “ Nous avons des amis qui sont au gouvernement, qui restent des amis à moi, Tiébilé Dramé, Oumar Dicko. Ce n’est absolument pas une trahison… Moi je respecte les décisions de Tiébilé. Tiébilé, c’est un homme qui réfléchit. Il a un parti politique [le Parena], son parti et lui ont décidé de participer au gouvernement, il faut respecter cela “.

D’autres parlent de “gentlemen’s agreement” qui aurait existé entre le chef de file de l’opposition et le président IBK avec qui, il aurait eu le 28 février dernier, un très long entretien à huis-clos. D’autres y voient un complot entre Karim Keïta (fils du président IBK), Soumaïla Cissé, Dr Boubou Cissé et IBK, himself.

Le cas du Ministre de la Défense et des anciens Combattants, le Général de Division Ibrahim Dahirou DEMBELE suscite des interrogations. Présumé coupable. Fidèle compagnon d’Amadou Haya Sonogo, le nouveau Ministre de la Défense est présumé coupable de graves crimes de sang. Il est vrai qu’on avait levé le contrôle judiciaire, auquel il était soumis par la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel de Bamako, fin janvier dernier.

L’enquête sur la tuerie des 21 bérets rouges, dirigés par l’ex garde rapprochée de l’ancien Président Amadou Toumany Touré (ATT). En tout cas, les familles des bérets rouges ont mal vu cette nomination. De même, la reconduction de Thierno Amadou Omar Hass DIALLO à la tête du Ministère des Affaires religieuses et du Culte, intrigue plus d’un.

L’homme qui n’est pas arabophone, est jugé comme beaucoup de Maliens, comme n’ayant pas le profil de l’emploi. Il est très contesté dans les milieux islamiques de Bamako. On avance aussi que le choix de Boubou Cissé n’est dicté que par son appartenance à l’ethnie peulh, victime du massacre intolérable d’Ogossagou.

Or, la vraie solution résiderait d’abord dans le désarmement des milices dogons et la protection des zones, habitées par les peulhs. On attend également du nouveau gouvernement de poursuivre la traque des coupables et leur punition de manière exemplaire.

Le cas d’Amadou Thiam, Ministre chargé des Réformes institutionnelles et des Relations avec la Société civile est également problématique. Dans un communiqué publié dimanche dernier, le parti ADP-Maliba dit qu’il n’a jamais été consulté dans le cadre de la formation de ce gouvernement et n’a pas signé l’Accord politique, précédent la formation du gouvernement.

L’annonce de l’entrée au gouvernement d’Amadou Thiam “ ne doit prêter à aucune confusion. Car, celui-ci était déjà exclu de l’ADP-Maliba “, indique un communiqué signé par le nouveau patron du parti, le candidat malheureux à la dernière présidentielle, l’homme d’Affaires Aliou Boubacar Diallo. Beaucoup de Maliens estiment que le nouvel attelage gouvernemental ressemble plus à un cocktail de partage de gâteaux, qu’à une équipe homogène, capable de relever les graves défis, auxquels le pays est gravement confronté depuis 2012.