Le grand dialogue national lancé par le président camerounais Paul Biya doit s’ouvrir lundi à Yaoundé. En l’absence des principaux leaders séparatistes, ce dialogue a peu de chance d’aboutir à une résolution du conflit meurtrier qui déchire l’Ouest anglophone, selon les observateurs.
Le dialogue national est présidé à Yaoundé du 30 septembre au 4 octobre par le Premier ministre Joseph Dion Ngute. Il a pour ambition de mettre un terme à la crise qui sévit dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où vit la plus grande partie de la minorité anglophone du Cameroun (16%).
Dans ces deux régions, depuis trois ans, des revendications sociales des populations qui s’estiment lésées par rapport aux huit autres régions francophones se sont muées en un conflit meurtrier entre des groupes indépendantistes armés radicalisés et les forces de sécurité de l’État, resté sourd aux revendications.
Les affrontements, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps contre les civils, ont fait quelque 3000 morts depuis le début de la crise, en 2017, selon l’International Crisis Group (ICG) dans un rapport publié jeudi.
Certains anglophones exigent le retour au fédéralisme alors que d’autres réclament la partition du pays. Deux hypothèses que refuse Yaoundé. Après avoir fait preuve d’intransigeance, le président Biya a convoqué mi-septembre un « Grand dialogue national » à Yaoundé.
Les séparatistes anglophones, qui dominent de vastes zones dans ces régions, n’y participeront pas tout comme les principaux leaders installés à l’étranger, selon l’ICG, cité par l’AFP. Selon l’ONG, le dialogue, tel qu’envisagé, « risque d’exacerber la frustration des anglophones, de creuser encore plus le fossé qui sépare les deux camps et de renforcer les tenants d’une ligne dure ».
Pourtant, d’après le porte-parole du dialogue national, Georges Ewane, les autorités ont eu des échanges avec certains séparatistes. Si elles ont décelé chez certains une disponibilité à discuter et chez d’autres moins d’ouverture, elles ont tenu à adresser des invitations à tous, selon le porte-parole du dialogue national.
Parmi les seize leaders séparatistes anglophones conviés au dialogue, des éminents chefs de groupes armés, comme Ebenezer Akwanga et Cho Ayaba, ont annoncé leur refus d’y participer.