Le chef d’état-major de l’armée en Algérie, Ahmed Gaïd Salah, a réaffirmé mercredi le soutien de l’institution militaire algérienne au président Abdelkader Bensalah. Ce dernier, dont l’intérim aurait dû s’achever mardi selon la Constitution, est resté à la tête de l’État en l’absence d’élection présidentielle.
Le chef d’état-major a réitéré le souhait de l’armée de la tenue d’une présidentielle « dans les plus brefs délais, à travers l’adoption de la voie du dialogue national ».
« Le dernier message du chef de l’État » constitue une « approche raisonnable et sensée » pour « sortir le pays de sa crise », a déclaré le général Gaïd Salah dans un discours prononcé lors d’une cérémonie officielle et retranscrit par le ministère de la Défense.
« Autant que nous encourageons et soutenons son contenu, nous considérons sa démarche comme une des étapes importantes à franchir sur la voie de la résolution appropriée de cette crise », a-t-il ajouté.
Dans un discours à la Nation, le 3 juillet, Bensalah a proposé un « dialogue » pour préparer le scrutin présidentiel dans lequel ni les autorités politiques ni l’armée ne seraient selon lui impliquées.
Cette proposition n’a pas calmé les manifestants, qui ont de nouveau défilé le lendemain dans les grandes villes du pays pour un 20ème vendredi consécutif, en réclamant le départ de tous les anciens fidèles du président déchu Abdelaziz Bouteflika. Elle est intervenue six jours avant la fin supposée de l’intérim assuré par Bensalah, au terme des 90 jours écoulés depuis sa désignation.
L’ancien président du Sénat a toutefois été de facto prolongé à ce poste, pour une durée indéterminée, du fait de l’annulation de la présidentielle prévue le 4 juillet : aucun candidat n’a été retenu pour ce scrutin rejeté par la contestation.
Depuis la démission forcée de Bouteflika le 2 avril sous la pression de la rue et de l’armée, c’est toutefois le général Gaïd Salah qui est devenu l’homme fort du pays. Le général Gaïd Salah a, par ailleurs, adressé une « sérieuse mise en garde » à ceux qui mènent des campagnes visant à « remettre en cause toute action qu’entreprend l’institution militaire » pour résoudre la crise.
Dans la matinée, environ 200 personnes ont observé un sit-in devant la Cour d’appel d’Alger en soutien aux manifestants incarcérés pour avoir brandi l’emblème berbère, interdit par Gaïd Salah, et à Lakhdar Bouregaâ, un célèbre vétéran de la guerre d’indépendance écroué le 30 juin pour notamment « atteinte au moral des troupes ».
Plus de 30 manifestants sont actuellement emprisonnés à Alger pour avoir contrevenu à l’interdiction du drapeau culturel amazigh (berbère) dans les manifestations.