Au moment où le nouvel homme fort d’Alger, le chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, poursuit sa purge contre les anciens hommes du régime, la rue algérienne refuse toujours de céder et continue de réclamer des réformes profondes. En attendant, l’armée semble avoir pris tous les pouvoirs en main. Cent années de prison ont été distribués aujourd’hui pour condamner opposants et anciens commis d’État.
De lourdes condamnations
C’est un mercredi pas comme les autres à Alger. Le tribunal militaire de Blida, au sud d’Alger, a rendu son verdict dans un procès très attendu par tous les Algériens. Saïd Bouteflika, encore homme fort du régime en début d’année a été jugé pour “atteinte à l’autorité de l’armée” et “complot contre l’autorité de l’État“, est condamné à 15 ans de prison.
Le général Mohamed Mediene “Toufik” et son successeur à la tête du renseignement Athmane Tartag, ainsi que la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, trotskistes) Louisa Hanoune, jugés dans la même affaire, écopent de la même peine. L’ex-ministre de la Défense et ex-chef d’état-major Khaled Nezzar, son fils Lotfi, ainsi que Farid Benhamdine, gérant de la Société algérienne de pharmacie ont été, quant à eux, condamnés à 20 ans de prison par contumace.
D’autres procès toujours en cours
Si le procès des responsables précités était expéditif et loin des médias, d’autres procès sont encore attendus. En effet, le 12 et 13 juin derniers, les autorités algériennes ont placé en détention deux anciens premiers ministres. Il s’agit d’Ahmed Ouyahia et d’Abdelmalek Sellal, tous les deux poursuivis dans des affaires “de dilapidation des deniers publics, d’abus de fonction et d’octroi d’indus privilèges“.
D’autres ministres et hauts responsables sont encore poursuivis à l’instar des ex-ministres des Finances Karim Djoudi et des Transports Amar Tou, poursuivis notamment pour “dilapidation de deniers publics et abus de fonction” et de l’ancien chef de la police, Abdelghani Hamel, qui est placé en détention préventive après avoir été inculpé pour “détournement de foncier et enrichissement illicite“. Deux de ses fils sont écroués, son épouse est placée sous contrôle judiciaire.
À rappeler que la rue algérienne est en ébullition depuis février dernier. Plusieurs milliers de personnes ont décidé de manifester dans les grandes villes algériennes. « Pas de 5ème mandat », « Ni Bouteflika, ni Saïd » scandaient les protestataires à Alger, où les manifestations sont interdites depuis 2001. Au pouvoir depuis deux décennies, M. Bouteflika, très affaibli depuis un AVC en 2013, avait annoncé le 10 février qu’il briguerait un 5ène mandat avait de se faire débarquer de force après l’intervention du Général Ahmed Gaid Salah