Le chef d’état-major de l’armée algérienne a opposé mardi une fin de non-recevoir aux revendications des manifestants en Algérie. La présidentielle prévue le 4 juillet en Algérie est la « solution idéale pour sortir de la crise », a affirmé mardi le général Ahmed Gaïd Salah, dans un discours.
Pilier du régime durant 15 ans et devenu de facto l’homme fort de l’Algérie depuis qu’il a lâché Bouteflika, rendant sa démission inéluctable, le général Gaïd Salah a souligné mardi exclure que l’armée permette une transition hors du cadre constitutionnel.
Le général Gaïd Salah a également assuré que l’armée veillerait à ce que les enquêtes judiciaires ouvertes sur des dossiers de corruption visant des personnalités liées au régime soient préservées des « pressions ou diktats ».
Les manifestants algériens exigent depuis le 22 février le départ de l’ensemble des figures du « système » au pouvoir en Algérie, en tête desquelles le chef de l’État par intérim Abdelkader Bensalah et Premier ministre Noureddine Bedoui, deux anciens proches de Abdelaziz Bouteflika.
Les contestataires refusent aussi que les structures et personnalités de l’appareil hérité de l’ex président organisent ce scrutin, alors que ses vingt années de pouvoir ont été marquées selon eux par des fraudes électorales.
Depuis le départ du pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, la justice a indiqué avoir ouvert une série d’enquêtes sur des faits de corruption visant plusieurs puissants hommes d’affaires et hauts responsables de l’État.
Cinq puissants et richissimes hommes d’affaires, dont quatre proches de Bouteflika et de son frère et conseiller Saïd, ont été placées en détention provisoire. Le général Gaïd Salah a récemment appelé la justice à « accélérer la cadence » des enquêtes, une demande assimilée à une « injonction » par ses détracteurs.
Certains observateurs craignent que, tout en étant une réponse à la contestation qui dénonce les liens entre le pouvoir et les « oligarques » -des hommes d’affaires ayant fait fortune grâce à des contrats publics-, ces enquêtes servent de levier de « purge » interne.
Mardi, le Parquet d’Alger a entendu durant plusieurs heures Ahmed Ouyahia, quatre fois Premier ministre depuis 1995, dont trois fois sous la présidence de M. Bouteflika, en lien, selon la télévision nationale, avec des dossiers de « dilapidation de fonds publics et d’avantages indus ».