Né le 9 août 1959 à Thiès, au cœur du Cayor, Idrissa Seck (Idy) fréquente l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC) du lycée Marcelin-Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés en France puis en 1983, il fut admis à Sciences Po, avant de bénéficier, cinq ans plus tard du programme de bourses Parvin Fellowship de l’université de Princeton. Militant du Parti démocratique Sénégalais, il gravit les échelons et devient le N°2 du parti aux côtés de son mentor, Me Abdoulaye Wade dont il fut le directeur de campagne à la présidentielle de 2000. Me Wade élu président de la République, Idy est bombardé Ministre d’Etat, tout puissant Directeur de Cabinet du Président, puis Premier ministre de 2002 à 2004.
Le bac en poche, Idrissa Seck a fréquenté des écoles prestigieuses aussi bien en France qu’aux États-Unis et a pu faire un stage pratique au célèbre cabinet Price WaterHouse. Cependant, ses anciens collaborateurs les plus proches disent de lui que “c’est quelqu’un qui a l’art de bien commencer les choses et de mal les terminer“.
Cela semble le caractériser autant dans sa formation que dans sa carrière politique. Lors de la campagne présidentielle de 2007, ses adversaires politiques brandissaient son CV où le baccalauréat était le plus haut diplôme obtenu par M. Seck qui n’aurait jamais été jusqu’au bout de ses études dans ces grandes écoles fréquentées.
En politique, la montée en puissance de “Boy Idy” a été fulgurante. Directeur de campagne du candidat Wade en 2000, il fut nommé directeur de Cabinet du Président de la République, avec rang de ministre d’État. Sa posture de numéro 2 du parti au pouvoir aidant, Idy s’accapare l’appareil d’État en entier. Le président nomme et dégomme sur sa dictée. La grogne s’amplifie autour de Wade que les autres collaborateurs perçoivent déjà comme un otage entre les mains de son jeune compagnon.
Cela aurait motivé le retour de Karim Wade de Londres où il officiait auprès d’une banque d’affaires UBS Warburg. Nommé conseiller spécial de son père-Président, Karim fut incapable au début de desserrer l’étau. Avec le naufrage du bateau Le Joola, survenu le 26 septembre 2006, au large de l’océan Atlantique entre Ziguinchor et Dakar, faisant plus de 2000 morts, le président Wade se voit obligé d’opérer un remaniement ministériel en se séparant de son Premier ministre Mme Mame Madior Bôye, qui fut remplacée au pied levé par Idrissa Seck, promu Premier ministre, le 3 novembre 2002.
Lors de sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, le tout nouveau Premier ministre de la République du Sénégal, donne le ton de son style, axé sur la bonne gouvernance et explique vouloir promouvoir JUBAL (la droiture) et combattre NJUBLANG (tartuffe).
Le 21 avril 2004, Idrissa Seck devait annoncer sa démission (forcée) à la télévision nationale (RTS), suite à des désaccords profonds avec le chef de l’État, Me Abdoulaye Wade. Il fut remplacé à ce poste par l’actuel président, M. Macky Sall. Le bruit sur un détournement des fonds destinés aux chantiers de la ville de Thiès, dont il était le maire, courait déjà dans les coulisses du Palais de la République.
Suite à un rapport de l’Inspection générale d’État (IGE), commandité par le chef de l’État, Me Wade, Idy fut arrêté en juillet 2005 et mis en prison pour, entre autres chefs d’inculpation, “détournements de crédits et surfacturations” pour un montant de près de 45 milliards de francs CFA.
Après un procès politico-judiciaire rocambolesque, Idrissa Seck bénéficie d’un non-lieu total. Cependant, la presse avait dénoncé l’existence d’un deal qui aurait permis de négocier ce non-lieu. On se rappelle que les avocats d’Idy avaient protesté, un jour, contre l’exfiltration de leur client de la prison de Reubess, en pleine nuit… C’était pour aller conclure ce qu’on a appelé “Le protocole de Rebeuss”, où Idy se serait engagé à rembourser un montant de 78 milliards de francs CFA, moyennant son blanchiment total.
Libéré le 21 janvier 2006, Idrissa Seck met sur pied le parti Reewmi et rejoint le camp de l’opposition, dans le cadre de la coalition Jamm Ji, avec le Parti socialiste d’Ousmaner Tanor Dieng et la LD/MPT d’Abdoulaye Bathily. Avant la présidentielle de 2007, Idy, qui bénéficiait d’une cote de popularité extraordinaire, négocie avec Wade, le président sortant et largue la coalition de l’opposition.
Il se présente cependant, à la présidentielle via la coalition de IDY 4-Président. Perçu comme un “jongleur” (pour ne pas dire traître) par l’opposition et l’opinion publique sénégalaise, Idy affronte quand-même la présidentielle de 2007, où il termine deuxième avec 14,86 % des voix, lors du premier tour, derrière le président sortant, Me Abdoulaye Wade (55,90 %). N’aurait été son jeu de yoyo avec Wade, Idy aurait amené son mentor au deuxième tour en 2007.
À la présidentielle de 2012, on comptait 13 candidats contre Abdoulaye Wade président sortant, parmi lesquels, deux anciens premiers ministres libéraux, Idrissa Seck et Macky Sall.
À l’issue du premier tour, le président sortant obtient près de 34 %, suivi de Macky Sall, 26%, Moustapha Niass, 13%, Ousmane Tanor Dieng, 11%, alors qu’Idrissa Seck ne vient qu’en 5ème position, avec seulement 7% des suffrages exprimés. En 2018, Idrissa Seck devenait le chef de file de l’opposition, suite à la non présentation de Moustapha Niass et d’Ousmane Tanor Dieng.
Il décide de troquer son ancienne confrérie Tidjanya pour adhérer à la Mouridya, espérant engranger les voix d’une communauté religieuse compacte, vigoureuse et solidaire. Malheureusement, son excès de communication, le conduit à spéculer sur le statut de la Mecque et sur la signification de Bakkah, dans le saint coran. Ces impairs de langage n’ont pas échappé aux religieux, très vigilants du Sénégal. Idrissa Seck fut ainsi l’objet d’un lynchage médiatique sans précédent, impactant négativement sa cote de popularité, de manière quasi irréversible.
En définitive, les Sénégalais perçoivent Idrissa Seck comme étant l’incarnation parfaite du NJUBLANG (tartuffe), qu’il déclarait vouloir extirper de la société sénégalaise, lors de sa fameuse déclaration de politique générale de 2002.
Au vu de cette dégringolade continue d’une élection à une autre, la plupart des observateurs notent que, pour la présidentielle de 2019, Idrissa Seck ne pourrait être qu’un candidat sans illusion.