Le président Erdogan reçoit à Istanbul le dirigeant libyen Fayez al-Sarraj.

Le Parlement turc vient de signer en catimini, le 16 décembre 2019, l’accord de défense et d’assistance militaire que le président Erdogan avait paraphé en novembre dernier avec Fayez Al-Sarraj, Chef du Conseil présidentiel du Gouvernement d’entente nationale GNA (Government of National Accord), basé à Tripoli.

Le Président Recep Tayyip Erdogan est en train de changer la donne en Libye, en faveur de son allié Fayez Moustapha Al-Sarraj, assiégé depuis le 4 avril 2019 par les forces du Maréchal Khalifa Haftar, Commandant suprême du LNA (Libyan National Army), appuyé par les Émirats arabes unis et l’Égypte.

Il est vrai que les Accords de 2015 conclus dans la ville marocaine de Skhirat avaient abouti à la reconnaissance du GNA par la Communauté internationale, mais faute d’autorité, Al-Sarraj n’a jamais su imposer son leadership.

À l’opposée, le Maréchal Haftar, qui a réussi à contrôler l’Est de la Libye, en y établissant son quartier général, se présente comme le véritable maître du pays. Pour étendre ses tentacules dans l’ensemble du territoire national, le Maréchal a lancé une offensive sur Tripoli depuis le mois d’avril afin d’y chasser le pouvoir chancelant d’Al-Sarraj.

L’opération aurait pu aboutir, n’eût été la résistance farouche des milices tribales dont la jonction aurait été facilitée par l’attaque surprise des troupes de Haftar. Le Maréchal a eu le mérite, de freiner l’avancée des mouvements terroristes qui faisaient de la Libye, leur nouvel Eldorado.

L’Accord de défense et d’assistance militaire qui lie désormais le régime d’Al-Sarraj à la Turquie. Cet Accord permettra à Erdogan d’approvisionner la Libye en armement et d’y envoyer des militaires turcs pour former et encadrer les combattants de Tripoli.

Cette ingérence turque risque de livrer le pays, déjà déchiqueté, aux forces étrangères, qui interviennent plus pour des intérêts géostratégiques que pour la défense de l’intégrité de l’ancienne Jamahirya du Colonel Mouammar Ghadafi.

Alors que les forces du Maréchal Haftar s’apprêtaient à lancer l’assaut final sur  Tripoli, voilà que l’Accord de défense, brandi par la Turquie, vienne remettre en cause, la suprématie du Maréchal sur le terrain.