Le gouvernement tunisien a décidé vendredi d’interdire le port du Niqab dans les institutions publiques. Et ce, pour « des raisons de sécurité ». Nouveau signe du climat sécuritaire tendu dans le pays ?
Cette décision a été prise en effet une semaine après un double attentat suicide meurtrier perpétré à Tunis. Le Niqab (voile intégral cachant visage et haut du corps) a été interdit dans les administrations et institutions.
La circulaire signée par le Premier ministre Youssef Chahed et adressée aux ministres, aux secrétaires d’État, aux préfets et aux responsables des institutions publiques, indique que « dans le cadre de la préservation de la sûreté publique, il faut prendre les mesures nécessaires pour interdire l’entrée aux locaux des institutions publiques à toute personne ayant le visage couvert ».
Seul le Parlement est habilité à interdire le port du niqab dans les rues et les espaces publics, a précisé un conseiller à la présidence du gouvernement, cité par l’AFP.
Cette décision intervient dans un climat sécuritaire tendu à la suite notamment d’un double attentat suicide perpétré le 27 juin à Tunis et visant la police. Revendiqué par le groupe État islamique (EI), il a fait deux morts, un policier et un civil, et sept blessés.
Des rumeurs avaient circulé sur les réseaux sociaux sur le fait qu’un homme présenté par les autorités comme le « cerveau » du double attentat, et qui a déclenché une ceinture explosive mardi alors qu’il était pourchassé par la police, s’était caché sous un niqab. Cela a ensuite été démenti par le ministère de l’Intérieur.
La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a appelé à ce que cette interdiction reste « temporaire ». « Nous sommes pour la liberté de l’habit, mais aujourd’hui avec la situation actuelle et les menaces terroristes en Tunisie et dans toute la région nous trouvons des justifications à cette décision », a estimé Jamel Msallem, président de la LTDH, cité par l’AFP.
Pour rappel, le ministère de l’Intérieur avait autorisé, en février 2014, la police à procéder à un « contrôle renforcé » des personnes portant le Niqab, justifiant cette mesure par la « lutte contre le terrorisme », notamment « en raison du recours de suspects au Niqab pour se déguiser et fuir la justice ».