Le président de la Guinée-Bissau, candidat indépendant aux présidentielles.

Les urnes vont trancher le combat fratricide, qui met aux prises le président sortant José Mario Vaz et son ex-premier ministre et leader du PAIGC, Domingo Simoes Pereira (DSP).


C’est l’un des enjeux majeurs de la présidentielle qui mobilise les Bissau-guinéens depuis des années et les soubresauts politiques qui ont marqué la mandature du président Vaz. Ce dernier s’est fâché avec beaucoup de monde dont des membres influents du pari historique PAIGC dont il était membre.

Le pouvoir a transformé Vaz qui s’est montré rigide et autoritaire, jusqu’au bout. C’est ainsi qu’il a fini par être désavoué par la CEDEAO qui a forcé, le dernier premier ministre qu’il a nommé illégalement, à démissionner.

Faute de soutien d’un parti, Vaz s’est présenté en candidat indépendant. Ses chances de se succéder à lui-même sont minces. Et s’il perd le pouvoir, il risque de subir la vengeance de DSP qui n’a certainement pas digéré l’humiliation qu’il lui a fait subir, en le limogeant du poste de premier ministre qui lui revenait de droit, en tant que chef du parti majoritaire au Parlement.

Il y a donc un parfum de règlement de comptes qui se dégage à l’approche du scrutin de dimanche. Cinq candidats sont en course : Vaz, DSP, Nabian, Cissoco Mbalo et Carlos Gomez Jr.

Il est peu probable que DSP, le candidat favori, puisse l’emporter dès le premier tour. Mais sa victoire finale semble dans la logique des rapports de force politique. Son parti, sans avoir la majorité absolue au Parlement, compte le plus grand nombre de députés.

Toutefois les alliances pour le deuxième tour sont imprévisibles dans un pays où l’élite politique est composé d’anciens camarades, presque tous sortis du moule du PAIGC. Ce sont des questions d’égo et d’inimitiés qui enracinent des conflits irréductibles, sur fond de corruption.

Le climat politique est délétère et, sans l’intervention musclée de la CEDEAO, avec l’envoi de troupes sur place, le cycle des coups d’état violents se serait poursuivi.

C’est la CEDEAO qui avait imposé une feuille de route au mois de juin dernier pour faire maintenir le premier ministre Aristides Gomez à son poste, tout en prolongeant le mandat du président Vaz, jusqu’à la présidentielle.

On peut donc être rassuré par cette présence militaire qui calme les esprits. Les élections législatives du mois de mars se sont déroulées dans le calme et la sérénité. Elles avaient enregistré une forte participation de 84%. Le rendez-vous des urnes de dimanche est certes crucial, mais la CEDEAO veille au grain.