Le Premier ministre français Edouard Philippe a symboliquement remis dimanche au président sénégalais Macky Sall un sabre matérialisant l’histoire entre leurs pays mais aussi l’engagement du président Emmanuel Macron à commencer la restitution à l’Afrique de son patrimoine.
Edouard Philippe a remis à Macky Sall le sabre d’Omar Saïdou Tall, une très belle pièce de fer, de laiton, de cuivre, de cuir et de bois avec son étui faisant partie des collections du Musée de l’armée à Paris.
S’il ne s’agit pas encore à proprement parler d’une restitution, ce geste en est « la première étape », a dit le Premier ministre français au cours d’une cérémonie à la présidence sénégalaise en présence des descendants de l’ancien propriétaire.
Parmi des accords politiques ou commerciaux signés dimanche a été paraphée une convention prévoyant le dépôt du sabre au Musée des civilisations noires de Dakar pour cinq ans, le temps que soit rédigée en France une loi sur la restitution proprement dite. Le sabre se trouve déjà depuis plusieurs mois au musée de Dakar sous la forme d’un prêt.
Érudit musulman et guide de l’importante confrérie des Tidianes, Omar Saïdou Tall, dit El Hadj Omar, fut à l’origine de l’empire toucouleur. Il combattit les troupes françaises de 1857 à 1859 avant de signer un traité de paix avec eux en 1860. Selon des historiens sénégalais, il disparut mystérieusement dans les falaises de Bandiagara (Mali) en 1864.
Son fils Ahmadou (1836-1897) lui succéda mais fut vaincu par les Français en avril 1893 à Bandiagara (Mali). C’est là que les Français s’emparèrent du sabre, à la lame de fabrication française et au pommeau en forme de bec d’oiseau, mais aussi d’autres pièces, des armes, des manuscrits et de l’or, selon les historiens.
Les collections publiques françaises renferment au moins 90.000 objets d’art d’Afrique sub-saharienne. Plus des deux tiers -70.000- se trouvent au Quai Branly, dont 46.000 ramenés durant la période 1885-1960. Plus de vingt mille autres se trouvent dispersés dans de nombreux musées, y compris au Havre, dont Edouard Philippe fut le maire.
Le président sénégalais a rappelé que « depuis des décennies, les restitutions font l’objet d’intenses et légitimes réclamations » de la part des pays africains. Au cours d’un discours à Ouagadougou le 28 novembre 2017, le président français Macron avait souhaité que « d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ».