Les leaders de la contestation au Soudan ont accusé, les généraux de chercher à retarder la transition du pouvoir vers le civil.

Les leaders de la contestation au Soudan ont accusé mercredi les généraux de chercher à retarder la transition du pouvoir à une autorité civile. Ils ont menacé de lancer un mouvement national de « désobéissance ».

La crise semble s’installer au Soudan entre les militaires et les civiles. Tirant leurs forces des milliers de manifestants qui campent depuis le 6 avril devant le QG de l’armée à Khartoum, les chefs de la contestation réclament désormais un transfert rapide du pouvoir à une autorité civile.

Le Conseil militaire de transition qui a succédé à l’ex-président Omar El-Béchir est accusé d’atermoyer sur un transfert du pouvoir après plusieurs réunions avec l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), qui représente les manifestants.

« Les formes d’escalade sont définies: poursuivre les sit-in et préparer un mouvement de désobéissance civile », a déclaré à la presse l’un des chefs de la contestation, Khaled Omar Youssef, cité par l’AFP. Il a jugé « décevantes » les réponses des généraux aux propositions de son groupe et estimé qu’elles risquaient de plonger le pays dans une « situation dangereuse ».

Dans un premier temps, l’ALC, dont des représentants laïcs venant notamment du Parti communiste, ont publié un communiqué comportant leur réponse aux réserves du Conseil militaire à leur vision de la période de transition. « La réponse du Conseil militaire va dans le sens d’une prolongation des négociations et non vers une transition » rapide, a souligné l’alliance.

Divergences

Les généraux ont déclaré mardi qu’ils étaient d’accord avec la plupart des propositions de l’ALC sur la transition, tout en faisant état de « beaucoup de réserves » sur d’autres. Ils ont soulevé surtout la question de la charia (loi islamique), en estimant qu’elle devait rester la source de la législation, et en reprochant à l’ALC de ne pas l’avoir mentionnée dans leurs propositions.

Pour l’ALC, les généraux ont soulevé « des questions non pertinentes, y compris celles de la langue officielle du pays et des sources de la législation dans une répétition ennuyeuse des surenchères de l’ancien régime ».

Outre la charia, le porte-parole du Conseil militaire, le général Chamseddine Kabbachi, a exprimé d’autres réserves. Selon lui, le Conseil est d’avis que la déclaration de l’état d’urgence devait revenir à un “conseil souverain” et non au gouvernement comme le proposent les leaders des manifestants.

Les deux parties divergent sur la composition du « Conseil souverain »: l’ALC exige qu’il soit dominé et dirigé par des civils, et les généraux insistent pour y garder la main haute. Autre point de désaccord: les civils veulent une période de transition de quatre ans alors que les militaires considèrent qu’elle peut être de deux ans seulement, a dit le général Kabbachi.

De même, les chefs de la contestation ont rejeté l’idée d’élections générales dans un délai de six mois en cas d’échec du processus de transition, avancée par les généraux. Cela ne servira, selon eux, qu’à « légitimer » l’ancien régime qui continue d’avoir d’importants relais dans l’administration.