Niamey a voté en 2015 une loi érigeant en crime le trafic de migrants, passible de peines pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison.

À Agadez, la grande ville du nord du Niger, la baisse de l’immigration clandestine fait baisser les revenus de certains habitants. C’est par cette ville que transitaient des milliers d’immigrés clandestins voulant rejoindre les côtes méditerranéennes puis l’Europe.

Dans le but de décourager les passeurs, Niamey a voté en 2015 une loi érigeant en crime le trafic de migrants, passible de peines pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison.

« Ici à Agadez, c’est la catastrophe: du vendeur de bidons aux petits restaurateurs, des coxers (intermédiaires) aux passeurs… toute la chaîne de la migration s’est cassée et les gens n’ont rien », constate le journaliste nigérien Ibrahim Manzo Diallo, cité par l’AFP. Parallèlement, les forces de sécurité multiplient les patrouilles dans le désert pour dissuader les migrants.

En début d’année, le président du Niger Mahamadou Issoufou a salué ce plan anti-migrants, soutenu par l’Union européenne (UE), qui a fait chuter le flux de migrants passant par le Niger de 100 à 150.000 par an avant 2016 à entre 5 et 10.000 migrants par an aujourd’hui.

En visite en février à Niamey, le Premier ministre italien Giuseppe Conte s’était aussi félicité de la réduction de 80% en 2018 des débarquements de clandestins sur les côtes italiennes. « Les ghettos (cours intérieures où sont hébergés les migrants) ont diminué », explique Bachir Amma, le président de l’Association des ex-passeurs de migrants. Sans la manne économique que représentaient les migrants, c’est la grogne à Agadez.

Un migrant peut dépenser 200 à 250.000 FCFA (304 à 381 euros) par semaine pour se loger, se nourrir et pour son transport jusqu’en Libye, assure Bachir Amma. À Agadez, l’effervescence nocturne des gares routières et les arrivées des bus bondés de migrants en provenance de Niamey ne sont plus qu’un souvenir. Devant les banques, les longues files de migrants dans l’attente d’un transfert d’argent de leur famille ont aussi disparu. Selon un élu d’Agadez, cette baisse du flux « fait perdre » à la municipalité « des centaines de millions de FCFA de recettes directes ».