L’Union européenne a déploré la décision des autorités de la République démocratique du Congo d’expulser son ambassadeur à Kinshasa, le Belge Bart Ouvry.

Kinshasa a demandé le départ du représentant de l’Union européenne à trois jours des élections prévues dimanche en République démocratique du Congo (RDC). Une décision que l’Union européenne « déplore » et « juge totalement injustifiée ».

La RDC a en effet demandé à l’UE de rappeler « dans les 48 heures son chef de mission en République démocratique du Congo », le Belge Bart Ouvry. La demande a été formulée par le chef de la diplomatie congolaise Léonard She Okitundu à des diplomates occidentaux, écrit l’AFP.

Il s’agit d’une mesure de rétorsion de la RDC après le prolongement des sanctions européennes qui visent 14 officiels congolais dont le candidat du pouvoir à l’élection présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary. Une décision que l’Union européenne « déplore et juge totalement injustifiée », selon un porte-parole de l’UE à Bruxelles. « À la veille d’élections très difficiles en RDC, une telle décision ne peut être considérée que comme contre-productive », souligne la porte-parole européenne.

À J-1 des élections, prévues le 30 décembre, les violences pré-électorales dans l’Est n’ont pas cessé. Au moins un manifestant a été tué et quatre blessés par balles à Beni, a indiqué le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha). La résidence d’un officier de police a été incendiée, ont indiqué des sources militaires et policières.

La police a dispersé à Beni, Butembo et Goma des manifestants qui protestaient contre le report des élections générales à Beni-Butembo, officiellement en raison du virus Ebola et des tueries de civils. Ce report exclut 1,2 million d’électeurs sur 40 millions enregistrés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Le report vise des bastions anti-président Joseph Kabila, affirme l’opposition.

Un appel à la grève générale avait été lancé par la coalition politique autour de l’opposant Martin Fayulu. Il n’a eu aucun écho ailleurs dans le pays, constate l’AFP.

Les Congolais doivent désigner le successeur du président Joseph Kabila à la tête du plus grand pays d’Afrique sub-saharienne, qui stocke d’immenses richesses minérales mais dont la pauvreté des habitants entretient l’instabilité chronique.

Fait sans précédent, Joseph Kabila, 47 ans, a renoncé à briguer par la force un troisième mandat interdit par la Constitution. Trois candidats se détachent dans la course à sa succession : son “dauphin” Emmanuel Ramazani Shadary, donné perdant par les sondages de trois organismes, et les deux opposants, Martin Fayulu et Félix Tshisekedi.

Pour rappel, les élections ont été reportées trois fois depuis la fin du deuxième et dernier mandat du président Kabila le 20 décembre 2016 à 00h01 : de décembre 2016 à décembre 2017, puis au 23 décembre 2018, puis au 30 décembre. Kinshasa a refusé toute aide financière et logistique des Nations unies présentes depuis 20 ans au Congo ou des Occidentaux pour l’organisation des élections.