Une dizaine de journalistes algériens participant à Alger à un rassemblement contre la censure ont été interpellés par la police jeudi. Et ce, à la veille de nouvelles manifestations annoncées contre la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un 5ème mandat.
Une centaine de journalistes des médias algériens, écrits et audiovisuels, publics et privés, se sont rassemblés en matinée sur la « Place de la Liberté de la presse », pour dénoncer les pressions subies et les restrictions de couverture du mouvement de contestation actuel. Au début de ce rassemblement, une dizaine de journalistes ont été arrêtés, les uns après les autres, pour des motifs inconnus, selon l’AFP.
« Libérez nos collègues », ont scandé les manifestants tandis que les journalistes interpellés tambourinaient contre les parois des fourgons de police dans lesquels ils ont été enfermés et qui ont ensuite quitté la place.
Environ deux heures après le début du rassemblement, les très nombreux policiers déployés, certains en tenue anti-émeutes, ont fait évacuer calmement la place, en repoussant les journalistes encore présents vers la rue.
Le ministre algérien de la Communication, Djamel Kaouane, a fait une très brève apparition durant ce rassemblement, sans faire de déclaration, avant d’être ramené précipitamment -pour une raison inconnue- à son véhicule par son escorte, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux par des journalistes sur place.
Réagissant dans un tweet aux arrestations, Reporters sans frontières (RSF) a demandé « la libération immédiate de tous les journalistes interpellés violemment lors de la manifestation des journalistes place de la liberté de la presse ».
L’Algérie connait depuis près d’une semaine un mouvement massif de contestation contre la perspective d’un 5ème mandat du président Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis 1999 et considérablement affaibli à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2013.
Les médias audiovisuels publics algériens et les télévisions privées, propriétés d’hommes d’affaires proches du pouvoir, ont durant plusieurs jours totalement passé sous silence le mouvement de contestation.