Le vice-ministre de la défense et chef d’État Major de l’Armée nationale populaire, M. Gaïd Salah.

Le vice-ministre de la défense et chef d’État Major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général Ahmed Gaïd Salah a réagi, hier, à l’appel lancé par le président du MSP Abderezzak Makri pour une transition dans laquelle serait impliquée l’ANP, et qui a été considéré par nombre d’observateurs comme un appel au putsch de la part du président du parti islamiste.

Selon Ennahar TV, une chaîne privée nationale, Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense et chef de l’état-major de l’armée algérienne, a affirmé que l’institution militaire ne peut être mêlée à ce type de logiques partisanes et de tractations politiques et qu’elle connaît ses prérogatives constitutionnelles. En ajoutant que l’armée recevait ses ordres du président et chef des armées Abdelaziz Bouteflika et du ministre de la Défense.

« Impasses politiques et partisanes »

Dans cette déclaration, livrée lors de la cérémonie en l’honneur des meilleurs cadets de l’armée lauréats du bac 2018 qui se tenait au ministère de la Défense, Ahmed Gaïd Salah a également appelé les officiers à ne pas s’impliquer dans ce qu’il a qualifié « d’impasses politiques et partisanes ».

Selon plusieurs sources, le président du MSP, opposant déclaré à une candidature d’Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat, avait établi ces dernières semaines des contacts avec des hauts responsables au sein de l’armée. Le président du MSP a réagi presque instantanément à la déclaration du chef de l’état major.

Et avec le sourire. « C’est exactement ce que nous recherchons : que l’armée n’interfère pas dans la politique, parce que son intervention lors des précédentes échéances électorales est avérée. Nous demandons à ce que, cette fois-ci, l’institution militaire tienne parole et soit la garante de la neutralité », a-t-il déclaré en marge d’une rencontre en hommage au fondateur et chef spirituel du MSP, Mahfoud Nahnah, organisée à Alger.

Selon Makri aucun parti politique ne pourra gouverner seul après le scrutin présidentiel de 2019. Il a précisé également qu’il ne revendique pas, à ce stade de sa démarche, le départ de Bouteflika, parce que son objectif premier est de fédérer autour de son idée de consensus national. Il a cependant pris soin de rappeler qu’il était déjà opposé au quatrième mandat du président algérien.

Une tentative de dresser l’armée contre le président de la République

Par ses déclarations, du reste prévisibles, le chef de l’état-major signe la mort politique de la démarche de Makri, assimilée par le Front de libération national (FLN) à un putsch contre Bouteflika, dont la candidature à un cinquième mandat se profile avec de plus en plus d’insistance, malgré les oppositions.

La semaine dernière, déjà, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abéss, s’était en effet refusé à envisager l’idée engagée une période de transition de cinq ans, parrainée par l’armée, au cours de laquelle pouvoir, opposition, syndicats et société civile devraient parvenir à un consensus national.

L’idée d’une période de transition telle que proposée par le MSP n’a pas non plus trouvé grâce aux yeux du Mouvement populaire algérien (MPA), ni à ceux du Front des forces socialistes (FFS). Reste à connaître la position du Rassemblement national démocratique (RND), présidé par l’actuel Premier ministre Ahmed Ouyahia, attendue dimanche. Mais elle ne fait guère de doute, le RND ayant d’ores et déjà affiché son soutien à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.

Abderrazak Makri aime répéter qu’il n’est au service d’aucun clan et qu’il ne se contentera pas d’un strapontin dans les institutions de l’État ou au gouvernement. Dans le sillage des printemps arabes, le MSP quitte l’alliance présidentielle, nourrissant l’ambition d’accéder au pouvoir par la force des urnes à l’issue des élections législatives de mai 2012, comme l’ont réussi des partis islamistes en Égypte, Tunisie et Libye.

Rapidement, sa position anti-Bouteflika se radicalise. Son parti rejoint la Coordination nationale pour les libertés et la transition politique (CNLTD), née dans le sillage de la contestation contre le quatrième mandat de Bouteflika, en 2014.