UNE MESURE INOPPORTUNE SUSCEPTIBLE DE POLLUER LE CLIMAT SOCIAL
La congrégation des Sœurs de Saint Joseph de Cluny qui administre l’Institution scolaire Sainte Jeanne d’Arc, une école privée à Dakar, a pris une série de mesures relatives à l’organisation son projet éducatif. Dans cette perspective, il serait décidé d’interdire le port du voile musulman aux élèves de l’Institution dès la rentrée de septembre 2019 ! La mesure soulève déjà une vive et vicieuse polémique qui menace ce que le Sénégal a toujours eu de plus cher : la tolérance religieuse et la paix sociale.
La mesure que la Congrégation des Sœurs de Saint Joseph de Cluny vient de prendre pour son application à l’Institution scolaire privée Sainte Jeanne d’Arc fait déjà polémique partout au Sénégal. Les réactions sont vives et passionnées.
Certains membres de la communauté musulmane qui constitue la majorité écrasante (plus de 95% de la population) prônent le boycott pur et simple de ces écoles catholiques, pourtant nombreuses à travers le Sénégal. Ces écoles privées catholiques enseignent un programme national qui s’inspire de la loi d’orientation, en vigueur au Sénégal. Elles dispensent un enseignement de qualité et reçoivent une subvention de l’État.
Compte tenu de la qualité de leur enseignement et de leur caractère commercial, elles sont ouvertes à tous les enfants sénégalais dont les parents peuvent s’acquitter du paiement des frais de scolarité, ce qui en fait, à la fois un espace public et privé. Cette option commerciale, les amènent également à accepter dans leurs institutions scolaires, des enfants musulmans, garçons et filles.
Évoluant dans un pays comme le Sénégal, où il y a une forte majorité musulmane qui coexiste pacifiquement avec la minorité chrétienne, il serait inopportun de gâcher cette belle coexistence par des mesures d’exclusion inadaptées au contexte socio-culturel. Ceci, d’autant que ces écoles reçoivent autant de jeunes chrétiens que de musulmans. Vouloir interdire le port du foulard musulman, serait perçu comme forme de stigmatisation et d’exclusion, intolérable dans un pays comme le Sénégal.
Cette problématique interpelle l’État, garant des libertés. La laïcité dans sa version sénégalaise, n’est pas areligieuse, mais se met à équidistance entre les différentes religions afin que chacun puisse pratiquer librement sa religion.
Cette posture de la république invite les Autorités du Sénégal à intervenir auprès de l’instance de tutelle de l’Institution scolaire Sainte Jeanne d’Arc, afin qu’elle sursoie à l’application d’une telle mesure, ce qui risque d’entraîner des conséquences fâcheuses dans le type de rapports cordiaux que musulmans et chrétiens ont toujours entretenus au pays de la Téranga.
Le code vestimentaire dans une société humaine est souvent régi par les us et coutumes en vigueur dans chaque société. Aucune institution, en dehors de l’État central, n’a le droit d’imposer son propre code aux autres, surtout lorsque cela pourrait constituer menace pour la paix sociale.