Six chefs de partis populistes africains ont signé une Déclaration commune, mettant sur pied un cadre unitaire dénommé : Inter-Africaine Progressiste (IAP). Ce fut le 16 décembre 2019 à Niamey (Niger).
Objectif déclaré : ” relever les défis du leadership et de sécurité “, prétendent les signataires. Ibrahima Yacouba du MPN/Kiishin Kassa (Niger), Dr Succès Masra, initiateur de “Les Transformateurs” (Tchad), Ousmane Sonko du Pasteef, (Sénégal), Oumar Mariko de Solidarité africaine pour la Démocratie et l’Indépendance-SADI (Mali), Abdoulaye Soma du “Soleil d’Avenir “, Mouvement S.A (Burkina Faso) et Siaka Barry de “Guinée Debout ” (Guinée Conakry) ont paraphé lundi dernier une Déclaration commune servant d’acte fondateur pour un cadre unitaire regroupant six partis appartenant à six pays du Sahel.
À la différence du G-5 Sahel, ce cadre regroupe six partis politiques originaires de 4 des 5 pays du Sahel. En excluant la Mauritanie, l’Inter-Africaine Progressiste (IAP) récupère le Sénégal (Ousmane Sonko- Pasteef) et la Guinée Conakry (Siaka Barry, Guinée Debout).
L’objectif fixé vise entre autres à “relever les défis de leadership et de Sécurité“. Fait bizarre, les six populistes n’ont pipé mot sur les événements douloureux d’Itanes qui ont frappé le Niger, une semaine avant la tenue de la rencontre constitutive de l’IAP.
Ils n’ont pas condamné ni même évoqué le terrorisme qui fait des ravages dans la sous-région ! De même, ils ont occulté la création prochaine de l’Éco, la future monnaie de la CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest).
Tout en se proclamant “Panafricanistes”, les six tirailleurs ont été moins ambitieux que les pères-fondateurs qui avaient porté sur les fonts baptismaux en 1946, le Rassemblement démocratique africain (RDA), ou ceux qui avaient créé le Parti du Rassemblement africain (PRA) ou le Parti des Fédéralistes Africains (PFA).
Ces derniers avaient pris l’engagement de marcher résolument vers une fédération des États indépendants d’Afrique ou des États-Unis d’Afrique, selon certains. Bien qu’étant d’anciens syndicalistes, pour la plupart d’entre eux, il est à constater qu’Ibrahim Yacouba et ses compères n’ont pas suffisamment de vécu politique leur permettant de pouvoir identifier les pistes prioritaires, susceptibles de constituer une plateforme d’action pour un cadre unitaire à la dimension de leurs prétentions.
La Déclaration commune met à nu l’incapacité de ses signataires à faire bouger les choses dans le Sahel. Telle une pétition d’étudiants frondeurs, la Déclaration dénote un manque de maturité politique et de lucidité en matière de planification stratégique.
Il ne pouvait pas en être autrement, quand on sait qu’Oumar Mariko, d’obédience marxiste-léniniste, s’accroche toujours aux vertus du putschisme, tout comme Ousmane Sonko, le salafiste, croit dur comme fer à l’illusion du paradis terrestre via l’érection d’un État théocratique dans les confins du Sahel.
Beaucoup d’observateurs qui misaient sur la pertinence du Dr Succès Masra pour raisonner la bande des populistes, ont vite déchanté vu le jusqu’au-boutisme débordant qui habite certains néophytes du Groupe des “six”.
En effet, Dr Succès Masra est un ancien de la Banque africaine de Développement et a soutenu une thèse en septembre 2016 sur un sujet brûlant : “l’Afrique face aux défis de l’Économie post-pétrole”.
En revanche, on espérait rien de Siaka Barry dont l’un des anciens lieutenants en l’occurrence Saïdou Bantako Diallo, dit pour expliquer les motifs qui l’ont poussé à quitter le parti “Guinée Debout” : ” J’avais adhéré au parti dans l’espoir de travailler pour mon pays, mais je constate que le président Siaka s’est choisi un entourage qui œuvre insidieusement pour faire de lui un demi Dieu “, a-t-il déploré.
Ce culte de la personnalité est le dénominateur commun de tous ces apprentis populistes. Abdoulaye Soma de “Soleil d’Avenir” est peint par ceux qui le connaissent comme étant un homme suffisant voire même arrogant.
L’Initiateur de la rencontre, Ibrahim Yacouba a occupé de hautes fonctions ministérielles et a servi comme directeur de Cabinet adjoint du Président Mahammadou Issoufou, mais ses ambitions démesurées et son caractère d’anarchiste lui ont valu une exclusion du parti présidentiel, le PNDS. C’est alors qu’il est allé former son propre parti MPN/Kiishin Kassa.
Si certains analystes banalisent la naissance de l’IAP, d’autres, en revanche, considèrent qu’il s’agit d’un projet politique dangereux, parce que porté par des illuminés qui peuvent se transformer en gourous.