Les membres du FNDC dont le coordinateur du mouvement, Abdourahamane Sanoh, ont été interpellés à Conakry.

Les autorités guinéennes ont procédé samedi à l’interpellation de plusieurs figures de la société civile. Ces derniers seraient fortement engagés dans la contestation contre l’ambition prêtée au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat.

Une demi-douzaine de dirigeants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une coalition créée en avril par des partis d’opposition, des syndicats et des membres de la société civile, ont été interpellés par des membres des forces de l’ordre « cagoulés » au domicile de leur coordinateur, Abdourahamane Sanoh.

Ces figures de l’opposition guinéenne se préparaient à donner une conférence de presse pour détailler les modalités de la mobilisation prévue lundi, selon l’opposition. Outre Sanoh, les personnalités interpellées, membres comme lui d’associations de la société civile, sont le responsable des opérations du FNDC, Ibrahima Diallo, des stratégies et de la planification, Sékou Koundouno, et Mamadou Baïlo Barry, de l’ONG Destin en Main.

« Les cinq, peut-être six membres du Front interpellés sont retenus à la Police judiciaire », a déclaré Asmaou Barry Diallo, l’épouse d’lbrahima Diallo, cité par l’AFP. L’avocat du FNDC, Salifou Béavogui, a qualifié la situation « d’extrêmement grave ». Le chef de l’opposition politique, Cellou Dalein Diallo, a quant à lui dénoncé des « interpellations arbitraires ».

Le coup de filet de samedi intervient dans un contexte de plus en plus tendu, le FNDC ayant appelé les Guinéens à se « mobiliser » à partir de lundi pour dénoncer un projet de révision de la Constitution qui permettrait à Alpha Condé de briguer un troisième mandat.

Ancien opposant historique, le président Alpha Condé, 81 ans, est le premier président démocratiquement élu de la Guinée. Le président, dont le deuxième mandat s’achève en octobre 2020, a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandats en Afrique – deux maximum en Guinée.

L’opposition s’attend à ce qu’il officialise bientôt la tenue d’un référendum constitutionnel. Fin septembre, il avait demandé aux Guinéens de s’y « préparer ». Son Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, vient d’achever des consultations en ce sens, qualifiées de « mascarades » par l’opposition, dont les députés ont annoncé vendredi qu’ils « suspendaient » jusqu’à nouvel ordre leur participation aux travaux de l’Assemblée nationale.