Le président Alassane Ouattara a révélé à la presse que Guillaume allait démissionner du perchoir au mois de février. C’est donc la fin d’un feuilleton politique qui clarifie la scène nationale ivoirienne.
En vérité le départ de Soro était un secret de Polichinelle car le président de l’Assemblée nationale ne cachait plus sa mésentente avec le chef de l’État, Ouattara.
Étant donné que c’est le RDR (parti présidentiel) qui est majoritaire à l’Assemblée, la position de Soro devenait intenable. Surtout qu’il multipliait les actes de défiance en refusant, par deux fois, de participer au congrès du RHDP et rencontrait publiquement le président Henri Konan Bédié qui avait claqué la porte de l’alliance avec Ouattara.
Ce qui se dessine maintenant c’est une alliance Bédié, Soro et Gbagbo (si ce dernier revient en Côte d’Ivoire ou est remis en liberté et maintenu hors du pays) contre Ouattara.
Une telle perspective est grosse de tous les dangers pour le président de la République en place car sa nouvelle formation, le RHDP n’a pas l’enracinement sociologique et historique qui pourrait faire échec à cette « alliance » nouvelle qui changerait la donne politique dans le pays.
Elle pourrait même faire resurgir les vieilles inimitiés qui ont empêché Ouattara, pendant longtemps de participer aux élections, sa nationalité ivoirienne ayant été contestée. Par Bédié, notamment qui est le « père de l’ivoirité » qui avait empoisonné le climat social et politique dans le pays.
Ce week-end, à l’occasion du congrès du RHDP, Ouattara a critiqué, sans le nommer, Bédié qui a riposté, sans prendre des gants. La guerre politique est bien déclarée entre les deux et la démonstration de force du RHDP qui a rassemblé 100 000 personnes dans le stade n’est pour rassurer les citoyens et les amis de la Côte d’Ivoire.
L’épreuve de force politique semble inexorable et le ciel ivoirien se couvre de gros nuages menaçants. Soro est un jeune homme d’État expérimenté et déterminé. Il veut se présenter à la présidentielle de 2020.
Le problème est que Bédié exige la candidature d’un membre du PDCI (peut-être lui-même) ; c’est d’ailleurs la raison fondamentale de son divorce avec Ouattara qui n’aurait pas respecté l’accord tacite conclu entre eux et dont Soro serait le seul et unique témoin. La complexité de la situation se renforce, si on peut dire, par le fait que Ouattara semble lorgner vers un troisième mandat que lui interdit la Constitution.
Un duel Ouattara/Bédié serait arbitré ainsi par Soro qui pourrait attendre 2025 (il n’a que 45 ans). Quid de Gbagbo ! Sa femme Simone est amnistié et pourrait donc être candidate si jamais Laurent Gbagbo est écarté par la justice ivoirienne (il a été condamné par contumace).
Le puzzle est déroutant et les perspectives politiques font frémir. Il faut craindre, malheureusement, que la violence s’invite dans ce microcosme déjà en ébullition.