Des groupes terroristes venus du Mali et du Burkina Faso tentent d’étendre leur influence dans l’ouest du Niger, selon des spécialistes. Au Niger, l’armée s’est massivement déployée depuis une dizaine de jours.
Placée sous état d’urgence depuis 2017, la région de Tillabéri, située dans la zone enclavée du Litpako Gourma, à cheval sur les frontières du Niger, du Burkina et du Mali, subit les incursions meurtrières de groupes armés.
« Depuis deux mois, nous vivons un phénomène nouveau: des groupes lourdement armés circulent à moto pour terroriser les gens et prélever la zakat », s’inquiète Soumana Hassane, un député de Tillabéri, cité par l’AFP.
Des villages ont versé entre 700.000 francs CFA (1.000 euros) et 900.000 FCFA (plus de 1.300 euros) au titre de la zakat. « Si vous refusez de payer, ils vous tuent », affirme l’élu. « Ces bandits obligent les villageois à écouter leurs prêches et vont brûler les écoles après », s’indigne-t-il.
« Apparemment ces groupes armés veulent s’installer définitivement dans la zone », estime Amadou Bounty Diallo, ex-militaire et ressortissant de Tillabéri.
Fin octobre, le général Ahmed Mohamed, patron des armées du Niger lors d’une réunion à Niamey du G5-Sahel, soulignait que le Niger n’abritait pas jusqu’à présent de bases arrière de groupes terroristes, mais le secteur dit des « trois frontières, déjà théâtre d’attaques, d’assassinats ciblés et d’enlèvements fréquents est en passe de devenir un sanctuaire de groupes terroristes et criminels ».
Le G5-Sahel, qui regroupe le Burkina Faso, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Tchad est une alliance dotée d’une force militaire commune pour lutter contre les groupes islamistes.
Interpellé samedi dernier au Parlement, le ministre nigérien de l’Intérieur Mohamed Bazoum a déclaré que deux opérations militaires étaient en cours depuis une dizaine de jours pour juguler l’insécurité qui a atteint « son paroxysme il y a deux semaines ».