Le premier ministre guinéen Mamady Youla a présenté jeudi 17 mai la démission de son gouvernement, deux mois après la promesse du président Alpha Condé de procéder à un grand remaniement ministériel et après une série de grèves et de manifestations, dont certaines meurtrières.
« Le Premier ministre Mamady Youla a présenté sa démission et celle de tout le gouvernement », a déclaré devant la presse Kiridi Bangoura, le ministre d’État et porte-parole de la présidence.
Le président de la République a accepté sa démission et a instruit au Premier ministre et au gouvernement sortant d’assumer la gestion des affaires courantes jusqu’à la mise en place d’un nouveau gouvernement.
Nommé fin décembre 2015 à la tête du gouvernement à la suite de l’élection d’Alpha Condé à un second mandat, Mamady Youla, 56 ans, avait auparavant été un temps conseiller du Premier ministre entre 2003 et 2004, avant de poursuivre sa carrière dans le privé, à la tête de la Guinea alumina corporation.
À la tête du gouvernement, il était notamment en charge de mener la barque du Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020, dont l’ambition affichée est notamment d’assainir les finances publiques et de relancer une économie qui se relève progressivement de l’épidémie d’Ebola et de la chute des prix des matières premières qui l’ont frappée de plein fouet en 2014 et 2015.
Sa démission intervient quelques mois avant les élections législatives, qui doivent intervenir avant la fin 2018, alors que le pays se prépare à célébrer les 60 ans de son indépendance, le 2 octobre prochain.
Mamady Youla remet sa démission un peu plus de trois mois après les élections locales du 4 février dernier, dont les résultats ont été remis en cause par une partie de l’opposition, en particulier par l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) du chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo. Le scrutin, suivi de manifestations de l’opposition et d’une vague de violences post-électorales, avait été remporté par le RPG Arc-en-ciel (au pouvoir) dans la majeure partie des grands centres urbains du pays.
Début avril, le climat tendu entre le pouvoir et l’opposition s’est un temps apaisé après une rencontre entre Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo à Sékhoutouréya, le palais présidentiel.
Le chef de file de l’opposition avait alors appelé à mettre fin aux manifestations de rues. Mais la semaine dernière, l’opposition a annoncé la suspension de sa participation au dialogue politique, arguant que les accords d’octobre 2016 n’étaient pas respectés.