Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont libérés, sous conditions, par la Cour pénale internationale. Ils avaient été acquittés avant que le procureur ne fasse appel de la décision ce qui avait retardé la libération des deux prévenus. Maintenant, ils vont pouvoir humer l’air de la liberté, après plus de 7 ans de détention arbitraire.
Ce nouveau scandale, ajouté à celui de l’incarcération de Jean-Pierre Bemba qui avait été élargi après 8 ans, disqualifie la CPI. Et apporte du grain à moudre à tous ceux qui plaident pour sa disparition.
Gbgbo et Blé Goudé vont rester en Europe et seront soumis à un contrôle judiciaire, à déterminer. En clair, ils vont demeurer des otages d’une « justice internationale » à géométrie variable qui ne frappe que les Africains. C’est un scandale que nous avons toujours dénoncé sur ces colonnes.
Si cette CPI était vraiment universelle, pourquoi ni les Américains, ni les Russes, encore moins les Chinois n’en font partie ? Il faut, tout de même, se réjouir du sursaut de conscience des juges qui ont reconnu l’incapacité du procureur d’établir la culpabilité des prévenus. Et qui ont décidé logiquement d’acquitter Gbagbo et Blé Goudé.
On comprend le baroud d’honneur du cabinet du procureur qui cherche à jouer la montre. Mais il s’agit ici de la liberté d’être humains que l’égo des uns et les calculs des autres ne sauraient brider.
Il est vrai que si Gbagbo retourne en Côte d’Ivoire, un basculement politique va se produire, avec des conséquences imprévisibles, dans un contexte déjà explosif. Pourtant, une fois libre, éloigné ou pas de son pays, Gbagbo va peser sur le déroulement des évènements politiques. Il aura le choix de calmer le jeu ou de jeter de l’huile sur le feu.
Il n’est pas sûr que le meilleur moyen de le pousser à choisir la paix soit de l’écarter et de le frustrer, encore une fois. Il est acquitté, donc innocent. Pour lui confisquer sa liberté, il faut trouver des preuves qui l’accablent.
Pendant 7 ans, la CPI n’a rien trouvé d’incontestable. On peut douter qu’elle y arrive maintenant.