Les fonctionnaires tunisiens ont suivi massivement jeudi une grève à l’appel de la puissante centrale syndicale (UGTT). Principale revendication : réclamer des augmentations salariales et envoyer un fort message de défiance au gouvernement à l’approche d’élections nationales.
Les fonctionnaires représentent plus d’un sixième des travailleurs du pays. Les transports publics continuaient à fonctionner, mais les ministères, écoles, hôpitaux et autres administrations étaient paralysés. La grève aurait été suivie à 90%, assure l’UGTT qui éclame pour les 673.000 fonctionnaires de l’État, des augmentations au moins égales à celles concédées cette année aux salariés des entreprises publiques, qui vont de 45 (15 euros) à 90 dinars (30 euros) par mois.
La grève de jeudi est la première de cette ampleur depuis 2013, et selon l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la première menée par la seule fonction publique dans l’histoire du pays.
Plusieurs milliers de manifestants réunis devant le Parlement à Tunis ont scandé « dégage » à l’adresse d’un gouvernement qu’ils ont qualifié de « mendiants », face aux bailleurs de fonds internationaux prônant une réduction de la masse salariale de l’État.
Des manifestations ont également eu lieu dans plusieurs grandes villes du pays. A Sfax (centre), des militants ont défilé dans le calme jusqu’au siège du gouvernorat. À Gafsa (sud), au cœur du bassin minier, plusieurs centaines personnes ont manifesté après un discours du responsable local de l’UGTT, a indiqué l’AFP.
Au-delà des revendications salariales, les syndicalistes annoncent vouloir peser lors des élections législatives et présidentielle prévues fin 2019. Selon les responsables syndicaux tunisiens, une réunion est annoncée pour samedi pour décider des suites à donner au mouvement, dans un contexte social tendu.
Malgré les avancées de la transition démocratique après la chute du président Zine El Abidine Ben Ali en 2011, et une reprise de la croissance après des années de marasme, la Tunisie peine à répondre aux attentes sociales de la population.
L’inflation, alimentée notamment par la chute du dinar, et le chômage persistant au-dessus de 15%, exacerbent la grogne sociale qui a dégénéré en émeutes en janvier dernier dans plusieurs villes du pays.