Le camp du président Abdelaziz Bouteflika continue de se fissurer face à la contestation sans précédent dont est la cible depuis un mois le chef de l’Etat algérien. Mercredi, c’est le propre parti du président Bouteflika, le Front de libération nationale (FLN) qui a apporté publiquement son soutien au « mouvement populaire ».
Le FLN a toutefois prôné le dialogue proposé par le chef de l’Etat pour sortir d’une crise qui dure depuis un mois. Depuis quelques semaines, les fissures apparaissaient déjà au grand jour au sein de deux piliers du pouvoir : la centrale syndicale UGTA (Union générale des travailleurs algériens) et l’organisation patronale FCE (Forum des chefs d’entreprises).
« Les militants du FLN soutiennent pleinement le mouvement populaire » de contestation, par lequel « le peuple a demandé, à travers des marches gigantesques, le changement » a déclaré à la presse Mouad Bouchareb, patron du parti, à l’issue d’une réunion de responsables de sections, décrite comme houleuse par plusieurs médias.
« Il faut se mettre autour d’une table de dialogue pour arriver à une Algérie nouvelle », a néanmoins précisé Bouchareb, soulignant que M. Bouteflika, président du parti, avait annoncé « clairement qu’il allait vers un changement du système ».
Pour tenter de calmer la contestation, inédite, M. Bouteflika, à la tête de l’Etat depuis 20 ans, a récemment annoncé la mise sur pied, à une date pas encore fixée, d’une Conférence nationale, « ouverte à tous » et chargée de réformer le pays et de proposer une nouvelle Constitution.
En attendant, il a reporté la présidentielle prévue le 18 avril, prolongeant de fait son mandat au-delà de son expiration le 28 avril.
Des mesures rejetées par les manifestants descendus en masse dans les rues depuis le 22 février et qui continuent de réclamer d’abord le départ du chef de l’Etat et celui du “système” au pouvoir.
Plusieurs cadres ou élus du FLN avaient déjà publiquement fait défection depuis le début du mouvement de contestation et l’autorité de Bouchareb est fortement contestée au sein de l’ancien parti unique, au pouvoir sans interruption depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Principal allié du FLN au sein de la majorité présidentielle, le Rassemblement national démocratique (RND) se lézarde également. Mardi soir, son porte-parole Seddik Chihab a publiquement affirmé que le parti s’était « trompé » en soutenant la candidature de Bouteflika à un 5e mandat, qui avait jeté les Algériens dans la rue.
Plus grave, il a également accusé des « forces non constitutionnelles » de diriger le pays, disant ne pas savoir qui décide « réellement » à la présidence. Un discours tenu habituellement par les plus féroces opposants à Bouteflika, 82 ans, affaibli par les séquelles d’un AVC qui, depuis 2013, l’ont empêché de s’adresser de vive voix aux Algériens et ont rendu rares ses apparitions publiques.