Les évêques de la conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) n’ont pas les mêmes chiffres que la Céni.

C’est le jeudi 9 janvier à 3h du matin que la Commission nationale électorale indépendante (CENI) a publié les résultats provisoires de la présidentielle qui vient de se dérouler en République démocratique du Congo (RDC). Le candidat de l’UDPS (L’Union pour la Démocratie et le Progrès Social) obtient 38,57% des suffrages, suivi de Martin Fayulu 34,87 des voix et de Emmanuel Ramazani Shandary (candidat de la majorité présidentielle) 23,84% des voix. Curieusement, la Conférence épiscopale du Congo et la France plébiscitent un autre candidat ! Que ce cache-t-il derrière ?

Ce qui vient de se passer au Congo, rappelle forcément le passé colonial que le continent africain a vécu les siècles derniers. Après la publication des résultats provisoires par la CENI, le ministre français des Affaires étrangères n’a pas hésité à déclarer : “Il semble bien que les résultats proclamés ne soient pas conformes aux résultats que l’on a pu constater ici ou là, parce que la conférence épiscopale du Congo a fait des vérifications et annoncé des résultats qui étaient totalement différents“, a-t-il fait observer !

La question qui se pose est de savoir d’abord, ce que vient faire M. Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, dans la proclamation des résultats électoraux en RDC ? Qu’est-ce qui donne à la CENCO le privilège d’avoir déclaré avant la CENI, qu’elle détenait le nom du candidat élu, mais qu’elle s’abstiendrait de le dévoiler ? Quelles sont les relations entre la France et la CENCO ? Autant d’interrogations qui taraudent les esprits, aux vues des postures affichées par la CENCO et la France.

Y a-t-il un deal avec Fayulu, candidat des hommes d’Affaires et du milieu financier international ? Selon l’AFP, “La France a saisi le Conseil de Sécurité des Nations unies, en fin de semaine dernière pour que les résultats constatés soient les résultats réels“.

Évoquant la situation post-électorale, M. Le Drian mâchent pas ses mots : “Cela peut mal tourner parce que M. Fayulu était a priori le leader sortant de ces élections“, prédit le ministre français des Affaires étrangères. Cette manière d’interférer dans la publication de résultats électoraux d’un pays souverain, n’est pas de nature à prêcher pour la paix post-électorale.

À supposer que les craintes de la France soient fondées, nous estimons qu’il y a d’autres procédures moins cavalières, pour rétablir la vérité des urnes et préserver la paix et la cohésion sociale, dans un pays déjà déchiré par plusieurs années de guerres fratricides.

Il est vrai que certains soupçonnent l’existence d’un deal entre le président sortant M. Kabila et le fils d’Etienne Tshisekedi, l’ancien opposant historique, décédé, il y a deux en Belgique, mais cela ne doit nullement justifier des pratiques révolues de la Françafrique.