Le nouveau Premier ministre éthiopien, Ahmed Abiy.

Plongée dans une crise politique d’une grande ampleur, l’ex-empire du Négus va avoir pour premier ministre un membre de la communauté majoritaire OROMO.

Abiy Ahmed désigné par la coalition au pouvoir EPRDF (front démocratique des peuples éthiopiens) est assuré de succéder au premier ministre démissionnaire Hailemariam.

Mais il n’aura pas d’état de grâce même si son avènement devrait logiquement calmer son groupe ethnique majoritaire et celui des Amhara qui compte pour plus d’un quart de la population.

Toutefois la seule question de l’élection du premier ministre n’épuise pas le débat qui remet en cause la mainmise de la minorité tigréenne sur l’État et les forces de sécurité.

La révolte qui secoue le pays depuis novembre 2015  a des causes profondes : le manque de démocratie, l’accaparement du pouvoir politique et des rouages économiques, la répression qui a fait plus de mille morts entre 2015 et 2016 et de nombreux exilés etc.

Pourtant l’Éthiopie connaît un taux de croissance exceptionnel de 10% et se développe à une vitesse remarquable. Grâce aux investisseurs chinois, en particulier, qui délocalisent dans ce pays. Ce succès économique serait menacé si les révoltes populaires se poursuivent et la coalition EPRDF a donc préféré calmer le jeu avec le choix porté sur Ayib Ahmed.

En effet ce dernier est crédible au sein de sa communauté majoritaire et aussi chez les Amhara parce qu’il avait refusé d’assister au vote pour le nouvel état d’urgence au parlement. Le choix porté sur lui est donc un compromis dynamique car il a obtenu 108 voix sur 169 au niveau du EPRDF composé de 4 partis avec des bases communautaires et régionales.

Aura-t-il les moyens politiques d’une action efficace parce qu’allant dans le sens d’un rééquilibrage du pouvoir entre les différentes ethnies du pays ?

On peut en douter car la minorité tigréenne (6% de la population) qui contrôle l’État et les forces de sécurité ne va pas lâcher du lest. En tout cas pas au point de remettre en jeu  son hégémonie.

Abiy Ahmed va devoir agir avec courage et subtilité pour désamorcer la crise en y mettant le temps qu’il faut. Il va être obligé de gérer l’impatience des jeunes de sa communauté. En aura-t-il la capacité ? La suite le dira.