Le président tchadien de la commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat a décidé d’envoyer une mission d’information dans la capitale gabonaise suite « aux ennuis de santé du président Ali Bongo » Faki prend position, ouvertement, pour un « strict respect des dispositions constitutionnelles » et invite toute la classe politique gabonaise à en faire de même.
Le choix de Faki de se mêler de la situation politique qui prévaut au Gabon suscite beaucoup d’interrogations. D’abord parce que le président de la commission de l’UA est tenu à une certaine réserve et, ensuite parce qu’il intervient alors que la Cour Constitutionnelle du Gabon a pris la mesure inédite d’ajouter un alinéa à l’article 13 de la Constitution du pays qui « introduit la notion d’« indisponibilité temporaire du président ».
Et qui autorise le vice-président à présider le conseil des ministres, entre autres. Ces décisions sont en rupture par rapport au texte constitutionnel qui désigne, clairement, la présidente du sénat comme la personnalité devant assurer la « vacance du pouvoir ».
L’« arrangement » trouvé par la Cour constitutionnelle évite que la « vacance du pouvoir » soit constatée et, ce d’autant que la durée de « l’indisponibilité temporaire du président n’est pas précisée ». La porte est ainsi ouverte à d’éventuels dérapages politiques gros de bien des dangers.
L’opposition gabonaise rue dans les brancards et pourrait organiser des manifestations si la « situation sanitaire de Ali Bongo » n’évolue pas positivement très rapidement.
Côté pouvoir, on joue la montre et la propagande, tout en essayant de sauver les meubles dans un contexte difficile. La mission de l’UA ne va-t-elle pas ajouter de la confusion ? En tout cas, elle va gêner le régime qui essaie de faire face à un événement déstabilisant dont l’issue est incertaine.
Il n’est pas dans « la coutume diplomatique » de l’UA de s’impliquer dans des questions intérieures des Etats aussi floues. Mais, on pourrait aussi saluer la volonté de Faki d’agir avant qu’il ne soit trop tard en appelant au strict respect de la Constitution.
Le problème est que la lettre du texte est déjà violée avec cet « ajout » concernant l’« indisponibilité temporaire ».
En arrivant sur place, la mission de l’UA sera obligée de s’en tenir au respect de la légalité constitutionnelle et va donc gêner aux entournures le gouvernement gabonais qui est assis sur des braises.
Reste à savoir si cette mission d’information sera la bienvenue à Libreville ?