En attendant la publication mercredi prochain des résultats provisoires des législatives du dimanche 6 octobre 2019, les instituts de sondage annoncent déjà des tendances qui placent le parti islamiste Ennahda en tête, avec près de 40% des sièges, suivi de près par Qalb Tounès du candidat à la présidentielle Nabil Karaoui (près de 35%).
Au vu des tendances annoncées, il y a possibilité que ce scrutin débouche sur une assemblée éclatée, où les uns et les autres seront amenés à former de grandes coalitions pour disposer d’une majorité à l’Assemblée.
La coalition Al-Karama de l’avocat islamiste Seïfeddine Makhlouf et Tahya Tounès du premier ministre Youssef Chahed pourraient faire partie du peloton, dirigé par Ennahda et Qalb Tounès. Le grand perdant de cette élection, risque d’être Nidaa Tounès dont la dégringolade a commencé avec le premier tour de la présidentielle.
La tendance actuelle révèle une certaine propension des Tunisiens à aller directement d’une transition mitigée vers une démocratie réelle. La percée de Qalb Tounès indique la volonté très nette des Tunisiens de tourner le dos à l’offre politique classique, qui n’a rien donné de concret depuis le déclenchement du Printemps arabe à nos jours.
Le Premier tour de la présidentielle qui a vu deux candidats anti-systèmes arrivés au second tour (Saïed Kaïs et Nabil Karaoui), présageait déjà d’un bouleversement de la configuration politique en Tunisie où un candidat conservateur, dépourvu de moyens financiers et d’appareil politique formel, est arrivé en tête du classement. Il est suivi par un autre candidat populiste, certes riche, mais emprisonné depuis le 23 août 2019.
C’est du fond de sa cellule que Nabil Karaoui, va postuler à la haute fonction de président de la république, face à un candidat qui affiche une austérité qui semble lui porter bonheur.
Un deuxième tour sans campagne électorale !
Le 13 octobre prochain, les électeurs tunisiens vont se rendre encore aux urnes pour élire le président de la république parmi les deux finalistes Saïed Kaïs et Nabil Karaoui.
Faute de pouvoir bénéficier de liberté, ne serait-ce que provisoire, le magnat de l’audiovisuel Nabil Karaoui, sera privé de campagne électorale à l’américaine, comme il l’aurait souhaité.
La presse a révélé dernièrement un lobbying à l’échelle internationale, sollicité par Nabil Karaoui qui aurait signé un accord de lobbying avec une Boîte canadienne, opérant aux États-Unis, Dickens and Madson, dirigée par un ancien patron des renseignements israéliens, en vue d’influencer les cercles américains, russes et européens pour le soutien du candidat de Qalb Tounès, Nabil Karaoui, moyennant la rondelette somme de 1million de dollars. En cela, le richissime de Qalb Tounès dépassait largement, les limites des montants autorisés pour mener campagne en Tunisie.
Malgré ce clinquant qui frise l’arrogance dans un pays où la pauvreté dépasse le seuil du tolérable, son vis-à-vis au second tour, Saïed Kaïs a délibérément décidé de renoncer à son droit de mener campagne pour l’élection de dimanche prochain, estimant que les exigences d’équité et d’égalité entre les deux finalistes, ne lui permettent pas -moralement- de mener campagne contre un concurrent en détention.
Ainsi donc, le conservateur Saïed Kaïs, décide, pour sa part, de s’abstenir à faire campagne ! Nul doute que ce geste de grandeur et de fair-play ne manquera de titiller la conscience du jeune tunisien, une fois qu’il se retrouvera dimanche prochain, seul dans l’urne.
Les deux élections que la Tunisie va vivre tambour battant, ce mois d’octobre 2019, pourraient servir de déclic, pour un passage rapide de la transition à la démocratie.