La victoire du parti de Ouattara, le RHDP, a un goût amer…

Le camp présidentiel, sous la bannière du RHDP (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix) a remporté 18 régions contre 6 au PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) et 1 au FPI (Front patriotique ivoirien).

Il s’est aussi adjugé 92 communes contre 50 au PDCI et 56 conquises par des Indépendants. Mathématiquement il y a victoire nette et claire, mais en additionnant les résultats du PDCI et des Indépendants aux municipales, les opposants totalisent 106 communes, soit 14 de plus que le RHDP.

Il s’y ajoute que le PDCI s’est imposé dans les communes du Plateau à Abidjan (la plus riche du pays) et Cocody, quartier parmi les plus chics de la capitale économique.

Certes le RHDP a une large majorité au niveau des communes d’Abidjan ; mais les défaites au Plateau et à Cocody et aussi à Yamoussokro, la capitale politique démontrent que le succès est, pour le moins mitigé, sur le plan politique.

Il n’y a pas eu de « coup K.O » et il ne pouvait pas en être autrement car l’implantation du PDCI est profonde dans tout le pays où l’héritage du père fondateur Houphouët Boigny est encore revendiqué par la majorité des ivoiriens.

C’est, du reste, la bataille pour se l’approprier qui fait rage entre Ouattara, le dernier premier ministre de Boigny et Henri Konan Bédié, celui qui lui a succédé à la tête de l’État et qui dirige le parti qu’il a fondé, le PDCI.

Les résultats des élections locales et municipales (marquées par des violences ayant entrainé mort d’hommes) ne dissipent pas les craintes en ce qui concerne d’éventuelles violences sur la « route des présidentielles de 2020 ». Au contraire, tout laisse croire que les rivalités vont s’exacerber et les confrontations vont se multiplier.

La rupture Ouattara/Bédié est maintenant actée et va miner l’espace politique et social ivoirien. Peut-on éviter le pire ? Oui, si l’éthique de responsabilité l’emporte et que les chefs que sont Bédié et Ouattara se mettent d’accord sur les modalités d’une bataille politique « civilisée ».

Évidemment cela paraît un vœu pieux car les deux semblent engager dans un duel fratricide sans pitié. En outre, il y a les seconds couteaux qui versent de l’huile sur le feu, poussés par leur ambition démesurée.

Le problème est que l’horizon des candidatures pour 2020 est très flou : Bédié affirme qu’il y aura un candidat PDCI, mais ne dit pas qui. Ouattara annonce qu’il voudrait passer la main à la jeune génération mais ne dresse pas le portrait robot du candidat idéal RHDP.

« Quand c’est flou, il y a un loup » dirait l’autre. Alors vont bon les supputations et la bataille à fleurets mouchetés se transforme en affrontement violent et à visage découvert. Les élections locales et municipales ont ouvert la campagne des présidentielles de 2020. Le choc PDCI/RHDP sera rude.

Pour le moment, on fait les comptes et Ouattara peut savourer une victoire au…goût amer.