Le gouvernement malien a reporté les élections législatives et prorogé le mandat des députés jusqu’en juin 2019. Cette décision fait suite à l’approbation du Conseil constitutionnel.
Les arguments en faveur d’un tel choix sont nombreux : la grève persistante des magistrats, l’impératif de redécouper les circonscriptions électorales pour être en phase avec l’Accord d’Alger (pour plus de décentralisation avec une augmentation du nombre des députés), le casse-tête de l’organisation du scrutin dans un contexte de menace terroriste permanente etc.
En réalité les conditions ne sont pas réunies pour organiser des législatives au Mali. La présidentielle a connu de nombreux ratés et les résultats sont toujours contestés par Soumaila Cissé qui a de solides arguments pour dénoncer le coup de force électoral de IBK.
L’urgence dans ce pays est de restaurer la sécurité pour ramener la paix sociale. La démocratie pourrait alors s’exprimer dans des conditions acceptables. Ce n’est pas le cas en ce moment et le report des législatives tombe sous le sens.
Toutefois, si ce délai n’est pas mis à profit pour engager un dialogue politique national d’envergure ; il ne servira à rien. Terrorisme et conflits inter-ethniques gangrènent le pays dont l’unité et la cohésion sont en péril.
IBK réélu a un défi politique et patriotique à relever pour mobiliser ses concitoyens pour défendre le Mali. En a-t-il les moyens et la volonté politiques ? Rien n’est moins sûr !
Pourtant, il est en situation pour essayer de le faire. Son premier ministre Boubeye Maiga ne ménage pas sa peine mais cela ne suffit pas. Quid de l’Assemblée nationale qui vient d’être « prorogée » ?
Sa légitimité n’est plus très forte et, de toutes les façons, ses moyens d’action sont limités. La seule éclaircie possible serait un dialogue national inclusif. Sous quelle forme ? Il appartient aux Maliens d’en décider. Il y a urgence.